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[Tribune] FEMME ET ACTIVISME POLITIQUE AU TOGO

À force de me balader sur les réseaux sociaux, un constat amer vient de s’imposer à moi: le nombre restreint de femmes qui s’expriment intellectuellement sur ces réseaux. Quand je dis intellectuellement, je veux dire celles qui offrent dans l’espace public un discours critique argumenté conformément à la logique cartésienne. Ce disant, je me dissocie de celles et ceux qui n’y apparaissent que pour cracher du fanatisme, des insultes, des boniments et des manifestations de leurs tares du genre : « Un homme qui s’est fait vacciner contre la Covid-19 s’est transformé en chien » !
À quoi ce déficit est-il dû ?
Nous allons essayer, sans sondage et enquête, d’y trouver une réponse dans le cadre restreint de ces quelques lignes, pour nourrir la réflexion.

La politique, une affaire d’hommes

Lorsque le peuple togolais manifestait dans la rue dans les années 1990 contre le monstre qu’était la dictature militaire inculte et barbare, les femmes avaient occupé la rue massivement et avec honneur. Il leur arrivait même d’interpeller les hommes tièdes ou poltrons pour rejoindre la lutte populaire. Elles étaient les amazones modernes. Mais quand est venu le multipartisme, les nouveaux partis politiques ont eu du mal à trouver des femmes pour les caser dans leur bureau dirigeant. Leurs maris posaient leur veto, arguant que la politique dans une dictature militaire arrièrée était chose dangereuse et trop exposée publiquement. Donc ils n’entendaient pas que leurs épouses s’exhibent dans l’espace public au risque de s’y faire lyncher médiatiquement par les journaux extrémistes et physiquement par la tourbe haineuse stipendiée par les antidémocrates. Cette censure des hommes a empêché nombre de femmes de jouer des rôles de premier plan dans les partis politiques voués au changement.
Mais les époux et les préjugés ne sont pas les seuls blocages.

La terreur contre les femmes

Un autre facteur était la terreur répandue par le régime terroriste du tyran Gnassingbé Eyadéma. Nous n’en déduisons pas que les femmes sont plus craintives que les hommes, mais il est une réalité que les gens ignorent souvent, ce sont les pressions familiales et celles des proches.  » Dis à ta femme ou ta sœur ou ta mère de se retirer de la politique pour se consacrer à sa famille, à ses enfants ou à ses études. Elle n’y trouvera que la mort, la prison où l’exil comme telle ou telle. Ceux qui combattent le peuple sont des sauvages sans foi ni loi ». Ironie du sort, ces conseilleurs étaient souvent des crapules liées au régime prédateur et corrompu. Les hommes, au lieu de les soutenir, sapaient le courage de ces braves femmes en leur distillant le venin de leur propre peur. Cette peur était nourrie par les spectacles macabres des amoncellements de cadavres et des corps sanglants violentés ou amputés par les bourreaux du peuple.
Le régime militaro-fasciste de Faure Gnassingbé, dans sa gestion catastrophique du pays, encourage l’inculture et tout autre activité qui peut éloigner de la prise de conscience politique.

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Les frivolités pour éloigner les femmes de la politique

Lorsque nous observons les jeunes filles en âge d’avoir une conscience politique, lycéennes des grandes classes et les étudiantes, les jeunes travailleuses, il appert, en général, qu’elles sont davantage attirées par les frivolités : trafic des faux cheveux, maquillage, mode, faits divers, séries télévisées américaines, brésiliennes, mexicaines, indiennes vouées à la perversion des mœurs et des valeurs morales, attirance vers des têtes vides de prétendus ‘ » influenceurs et influenceuses » sapeurs ou « artistes », des bimbos aux culs surdimensionnés avec des seins comme des melons, le tout artificiel et kpayo, bien entendu, et des pasteurs escrocs et gros baiseurs devant l’Eternel, propriétaires de sectes farfelues à la con…
Toute cette légèreté dans un pays sinistré et livré aux prédateurs voleurs de la République et aux impérialistes, fait le jeu du régime illégitime et usurpateur.
En effet, chaque fois que les femmes se sont impliquées massivement dans les révoltes contre les despotes de ce pays nôtre, ils ont tremblé. La peur changeait de camp.
Nos bourreaux savent ce que représentent pour eux les Togolaises mobilisées pour les chasser du pouvoir.
Encourageons donc les femmes à s’accaparer de la chose publique. Mettre la moitié de l’humanité au garage, c’est comme s’amputer soi-même d’un bras.

Professeur Ayayi Togoata APEDO-AMAH

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