« Très grande fraternité chez les Frères [francs-maçons] du Togo » dixit Georges SERIGNAC, Grand Maître du Grand Orient de France

Présent à Lomé depuis mardi 15 février 2022 dans le cadre du colloque consacré à la spiritualité et à la laïcité sur le thème : « Laïcité, religion et tradition : Quelle spiritualité pour une cohésion sociale en Afrique ? », le Grand Maître Georges SERIGNAC, a bien voulu se prêter à l’exercice des questions-réponses.

Pour le Grand
Maître du Grand Orient de France (GODF) Georges Sérignac qui est à sa première visite en Afrique et au Togo, sa toute première impression, est qu’il y a une très grande fraternité, de grande dimension humaine au cœur de la démarche maçonnique du Grand Orient de France sur place au Togo.

Il a lors d’un entretien, parlé de l’essence même du Grand Orient de France et a tenu à corriger ce qu’il appelle des fantasmes sur leur Ordre.

« L’immersion dans le pays, dans les loges auprès des Frères, dans le pays, est tout à fait nécessaire pour ressentir la température dans les loges. Moi, j’ai été tout d’abord frappé par le sérieux de l’engagement et la sincérité dans les échanges . Mes Frères du Togo sont d’un excellent niveau et sincèrement engagés dans le combat pour l’amélioration de l’Homme et la Société », a indiqué Georges Sérignac.

L’essence du Grand Orient de France
Le Grand Maître du Grand Orient renseigne que la maçonnerie est née dans le sillage des Lumières pour promouvoir une société de justice, d’égalité et qui rêve d’une société très fraternelle.
« C’est un courant philosophique mais qui au Grand Orient de France, en plus, au fil du temps, dans son évolution a voulu s’engager dans la cité pour faire que cet idéal s’applique sur le plan politique sans être dans la politique au sens partisan du terme », a-t-il indiqué.
ll précise tout de même que la « liberté de de conscience », est dans leur ADN et donc on a des gens qui votent à droite ou à gauche et des gens qui sont des croyants et des non croyants au sein du Grand Orient de France . « C’est principalement un courant philosophique qui a un idéal d’une société très fraternelle », précise-t-il.

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Les fantasmes
A la question de savoir si, les francs-maçons ne contrôleraient pas le monde, Georges Sérignac indique c’est une impression qui malheureusement pour lui est fausse. « Malheureusement, sinon le monde irait mieux car nous sommes loin de l’idéal rêvé dans les milieux maçonniques. C’est plutôt un fantasme. Nous sommes des citoyens engagés et en cela les francs-maçons participent de la vie citoyenne du pays mais cela ne va pas plus loin que cela », a indiqué Georges Sérignac.

ll faut rappeler qu’en 2014, Georges Sérignac a été élu président du Convent, l’assemblée générale du Grand Orient de France, 2017-2019 Grand Maître adjoint du GODF puis janvier 2021 , Grand Maître du GODF pour trois ans.

Lisez ci-dessous l’interview accordé à nos confrères de macite.info et réalisé par Jean-Pierre Bawéla

Monsieur Georges SERIGNAC, Grand Maître du Grand Orient de France. Quelles sont vos premières impressions en foulant le sol togolais ?

D’abord, c’est la première fois que je viens en Afrique. Je n’ai pas eu des occasions dans ma vie personnelle et dans ma vie privée de venir en Afrique. J’ai très peu voyagé dans ma vie. Et donc, en tant que Grand Maître du Grand Orient, j’ai souhaité venir en Afrique. Et donc j’ai commencé par ce déplacement au Togo. Ma première impression, c’est que je suis reçu par des frères de mon obédience. Donc c’est une impression de grande fraternité, de grande dimension humaine, humaniste, …des sentiments qui sont au cœur de la démarche maçonnique du Grand Orient de France, notamment.

Le Grand Orient de France ; est-ce un courant philosophique, un cercle ésotérique ou une obédience maçonnique ?

D’abord, il faut que je précise quelque petites choses. Il y plusieurs obédiences en parlant de la loge de la Franc-maçonnerie, notamment en France. Il y a une obédience qui s’appelle la Grande Loge de France. Et nous, nous sommes du Grand Orient de France, qui est en fait, la première obédience, historiquement et la plus importante, numériquement. C’est juste un détail. Mais les frères de la Grande Loge de France sont vraiment proches de nous, on se respecte et on a beaucoup d’affection pour eux…
Et pour préciser les choses sur la franc-maçonnerie, je dirai qu’elle est née des lumières, au 18e siècle. Elle donc est un courant philosophique qui est né dans le sillage des lumières, pour promouvoir une société de justice, d’égalité et qui rêve d’une société très fraternelle. C’est donc notre idéal. Ainsi au fil du temps, le Grand Orient de France, un courant philosophique qui, dans son évolution, a voulu s’engager dans la cité pour faire que cet idéal s’applique sur un plan politique. Nous ne faisons pas de la politique, au sens partisan car, nous ne sommes pas un parti politique, bien sûr. Mais nous avons des membres qui sont de la gauche, et d’autres, de la droite… c’est parfaitement ouvert et tout à fait accepté. Et cela fait même partie de notre philosophie, notre ADN, notamment la liberté de conscience… Nous avons aussi des croyants, des pratiquants mais aussi des non pratiquants. Cela fait partie de la justice et de l’égalité que chaque membre fasse valoir ses sensibilités… au final, c’est principalement un courant philosophique qui a pour idéal est d’avoir une société meilleure. Nous sommes des citoyens engagés. Nous participons à la vie citoyenne de la cité…mais malheureusement ça ne va pas loin que ça.

Monsieur le président, quels sont, en quelques mots, les droits et devoirs d’un maçon ?

Le Grand Orient de France est liée, il ne faut pas oublier, à l’histoire de la France. L’histoire de la République, c’est l’histoire qui commence avec la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en 1789. Ce sont les droits du citoyen, l’égalité de tous, l’égalité des civiques. Évidemment, depuis la deuxième moitié du 20è siècle, nous travaillons à l’égalité homme-femme qui est essentielle aujourd’hui avec l’évolution, et des sociétés en générale. Nos droits, en général, ce sont les droits du citoyen. Ce sont tous les droits civiques.
Après, les devoirs d’un franc-maçon, dans notre école de pensée, c’est d’avoir une pensée d’exemplarité dans son attitude. C’est d’être évidemment ouvert à l’autre, de faire attention à l’autre. Et nous au Grand Orient de France, dans notre règlement général statutairement, l’interdiction d’avoir des membres qui auraient des paroles de xénophobie, de racisme, de haine de l’autre…c’est inscrit dans notre règlement général. Donc tout cela explique en quelque sorte le devoir d’exemplarité que nous devons avoir ; le devoir d’écoute, de respect de l’autre…

Comment aviez-vous appréciez, Monsieur le Président, la température parmi les siens à Lomé, et que retenir des échanges ?

L’immersion dans le pays, auprès des loges, auprès des frères d’obédience qui travaillent donc à Lomé. J’ai été frappé par le sérieux de l’engagement, et la sincérité dans les échanges. Et avec les interventions, j’ai trouvé que c’était une maçonnerie, probablement, parce qu’elle est dans une situation de minoritaire. On m’a expliqué que ce n’est pas une évidence quand on est franc-maçon, ou d’autres obédiences. D’abord, ces frères sont d’excellent niveau. Et en plus, ils sont sincèrement engagés dans ce que nous nous appelons notre combat pour l’amélioration de l’homme et de la société. On est vraiment dans un esprit améliorateur, dans un esprit de construction. Donc ici, j’ai eu la sensation de vitalité de ces loges avec une vitalité et une grande qualité de leur engagement, mais avec le besoin d’être mieux ou plus soutenu. Il faudrait mieux communiquer avec la population pour expliquer ce que nous sommes, et surtout, expliquer ce que nous ne sommes pas, c’est-à-dire les préjugés et les fantasmes autour de la franc-maçonnerie. Il faut déconstruire tous ces fantasmes autour de la franc-maçonnerie qui ne reposent sur rien, autre le fait que la franc-maçonnerie est discrète. Et cela donne lieu à toutes les interprétations malheureuses et fausses car, quand on parle de la franc-maçonnerie, notamment quand on parle des choses négatives à notre sujet, de complot maçonnique, des gens qui trainent dans des arrières salles, des meneurs de marionnettes par rapport aux pouvoirs, etc. Tout est complètement faux, malheureusement et cela est imprégné dans la population. Nous aurions à gagner si, par exemple, la franc-maçonnerie togolaise, a besoin d’être soutenue contre ces idées fausses.
Pour ce qui est de la température des loges ici au Togo, mais je vais vous dire, mon impression personnelle. J’ai été frappé par le décalage entre mon impression et l’aperçu général. Beaucoup ont parlé de la perte de spiritualité en Afrique. Mais je vais vous étonner en vous disant qu’en découvrant l’Afrique et le Togo, donc, j’ai eu le sentiment inverse, c’est-à-dire que la spiritualité est très présente au contraire. On a visité des villages, notamment quelque part à Aného, on a rencontré des gens… c’est une remarque personnelle. Mais j’aurais plus aimé qu’on parle de la conflictualité entre les religions endogènes et celle exogènes qu’un débat sur la laïcité elle-même, je pense…car, la laïcité, c’est juste la liberté de croire ou de ne pas croire, d’exercer pleinement une religion et pouvoir être libre. Bref, la liberté de conscience