La pornographie banalisée sur internet : quelle influence sur la sexualité des ados ?
L’Internet a facilité l’accès aux médias sexuels explicites et a fait tomber les résistances liées au regard de l’autre puisque, de nos jours, les jeunes peuvent d’un simple clic avoir accès et visionner une multitude d’images et de films à caractère pornographique de manière anonyme et gratuite. Les ados sont de plus en plus confrontés à des images pornographiques, des films X sur la toile et les principaux consommateurs de restent les garçons.
La consultation de sites pornographiques est une expérience vécue par une large majorité des jeunes où cette pratique à vocation masturbatoire est toujours beaucoup plus répandue que chez les filles. Cet accès à la pornographie en ligne est de plus en plus précoce et est devenue pour beaucoup d’adolescents une première approche de la sexualité.
Selon une étude réalisée par l’Ifop , plus de 30 % de consommateurs de films pornos sont des jeunes de 13 à 17 ans via Internet et les téléphones portables. Leur motivation ? Ils regardent des films pornos pour savoir. Ils vont à la pêche aux infos, parce que personne ne leur parle d’amour, de relation, ou de sexualité. Toujours selon cette étude des jeunes n’ayant pas toujours l’appareil critique pour prendre la distance nécessaire à l’égard des représentations sexuelles et corporelles véhiculées par ces vidéos X, leur vision peut devenir inhibitrice et prescriptive dans leur rapport au corps (ex : pénis, vulve, épilation) et à la sexualité (ex : pression à la performance »).
La pornographie banalisée sur les réseaux sociaux et surtout Tiktok semble avoir pris une grande place dans l’éducation sexuelle des jeunes. L’absence d’interlocuteurs et de lieux avec qui et où parler de la sexualité, et de ce que devrait être une relation entre un homme et une femme, est en majeure partie les raisons de cet engouement pour le porno des ados.
Chercher de la pornographie ou de se poser des questions sur la sexualité à l’arrivée de la puberté, c’est tout à fait normal. Ce n’est pas parce qu’un adolescent regarde une vidéo porno qu’il faut s’inquiéter. Ce qui pose problème, c’est le fait de considérer ces images pornographiques comme une représentation de la réalité. La situation nécessite une nouvelle pédagogie de la sexualité. On doit les aider à avancer dans leurs réflexions pour qu’ils prennent conscience de la différence entre pornographie et sexualité entre deux partenaires.
Le rôle des éducateurs est bien distinct de celui des parents. N’étant pas dans une relation affective, ni dans des enjeux oedipiens avec l’enfant, l’éducateur peut le faire réfléchir sans que celui-ci se sente jugé, ni contraint. S’il est très important de rappeler les fonctions de la sexualité à savoir le plaisir, la relation, et la fécondité, c’est surtout de changer leur regard qui prime.
Aujourd’hui, la consommation de pornographie est un comportement courant chez les adolescents. La consommation de pornographie peut entrer dans un processus de développement. Les tentatives visant à éloigner les adolescents de la pornographie sont vaines. Il serait donc plus approprié de changer notre position actuelle et de ne pas analyser la consommation de pornographie uniquement en termes de risque pour le développement psychosexuel des jeunes.
En effet, une manière de contourner l’influence de la pornographie serait de développer l’esprit critique des adolescents. Un moyen d’y parvenir serait de donner des informations sur le sexe et la pornographie aux adolescents. C’est aussi important de leur expliquer que les films X montrent une sexualité qui n’est pas toujours dans le respect de l’autre et qui est transformée par le montage et les trucages.
Les adolescents qui ont eu quelqu’un avec qui échanger sur ce qu’est une relation sexuelle et une relation à l’autre, peuvent prendre du recul par rapport aux pratiques du porno. Mais pour des adolescents qui vont mal et qui sont déjà en souffrance, la pornographie peut avoir une influence plus importante avec des pratiques qui ne respectent par leur corps et qui peuvent les mettre en danger. Comme le fait d’accepter d’être filmé.
Pour conclure, il faut éduquer les ados à se servir de l’internet à des fins utiles, plutôt que d’en faire un espace de débauche… de « plan sexe ». Les parents et les éducateurs doivent nécessairement jouer leur rôle dans tous les cas…
Céline N.