Le nouvel épicentre mondial de l’extrémisme islamique violent est l’Afrique subsaharienne où les gens se joignent de plus en plus à des facteurs économiques et moins pour des raisons religieuses, comptant à elle seule 48% des morts dus au terrorisme dans le monde en 2021.
Un nouveau rapport de l’agence de développement international de l’ONU publié mardi vient à point nommé pour rappeler les racines du mal. Celles-ci sont à rechercher principalement dans le manque d’opportunités économiques, l’abandon de l’Etat et les violations des droits humains, plutôt que dans un extrémisme islamique hors sol ou une «haine ethnique» ancestrale.
Les éléments déclencheurs de l’émergence des groupes armés (les Djihadistes) … Rien avoir avec la religion
Parmi les éléments déclencheurs spécifiques les poussant à rejoindre ces groupes, 71% des ex-combattants ont mentionné les exactions contre les populations, souvent commises par les forces de sécurité de l’Etat, comme «point de basculement». Aussi, loin de faire disparaître ces bandes organisées, ou même de les contenir, les interventions militaires, avec leurs lots de «victimes collatérales», alimentent souvent le terrorisme qu’elles prétendent combattre.
Le PNUD vient ainsi éclairer indirectement les raisons de l’enlisement d’une partie de l’Afrique, en particulier au Sahel, face au phénomène «djihadiste» ou terroriste. Pour ne prendre qu’un exemple, l’échec de l’armée française en Afrique de l’Ouest – avec son départ forcé du Mali et, bientôt, du Burkina Faso – ne s’explique pas tant par son incapacité et son incurie que par l’incompréhension profonde du phénomène djihadiste par l’Elysée.
On n’éradique pas les atroces conséquences de l’extrême pauvreté, de l’ignorance et d’une longue histoire de colonisation, de pillage et de corruption par des bombes larguées à tout-va. Cela revient à jeter de l’huile sur le feu.
Une augmentation significative de 92% des nouvelles recrues des groupes extrémistes se joignent à de meilleurs moyens de subsistance par rapport aux motivations des personnes interrogées dans un précédent rapport publié en 2017, selon le rapport du PNUD publié mardi. La vie de nombreux Africains a été gravement affectée par la pandémie de COVID-19, la forte inflation et le changement climatique, selon le rapport.
Il y a eu une diminution de 57% du nombre de personnes rejoignant des groupes extrémistes pour des raisons religieuses.
Près de 2 200 personnes ont été interrogées pour le rapport dans huit pays africains : Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Mali, Niger, Nigéria, Somalie et Soudan. Plus de 1 000 personnes interrogées sont d’anciens membres de groupes extrémistes violents, à la fois des recrues volontaires et forcées, selon le rapport.
C’est une toute autre politique que recommande aujourd’hui le PNUD:
«Pour contrer et prévenir l’extrémisme violent, le rapport recommande un investissement plus important dans les services sociaux de base, y compris la protection de l’enfance, l’éducation et des moyens de subsistance de qualité, etc.».
Négociations, dialogue avec les institutions religieuses et les écoles coraniques, amnisties, accords de paix font également partie des recettes de l’ONU. Ces politiques sont désormais envisagées par des Etats comme le Mali et le Burkina Faso, alors que l’ex-puissance coloniale ne voulait pas en entendre parler, toute obnubilée qu’elle était par sa lutte à mort contre des combattants diabolisés. On a vu ce que cela a donné.
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