Une histoire : La ministre ghanéenne Cecilia Abena Dapaah a signalé un vol. Pourquoi a-t-elle été arrêtée ?

Mme Dapaah a démissionné samedi de son poste de ministre de l’assainissement et des ressources en eau, un poste qu’elle occupait depuis cinq ans afin, a-t-elle dit, de ne pas détourner l’attention du travail du gouvernement. Elle a ajouté qu’elle était sûre que toute enquête montrerait qu’elle avait agi avec intégrité. Cela n’apaisa pas la colère. Lundi, elle était en état d’arrestation.

Une ministre du gouvernement ghanéen a dû penser qu’elle faisait ce qu’il fallait en se rendant à la police pour signaler un vol chez elle, mais cela s’est retourné contre elle de façon spectaculaire lorsqu’elle a été arrêtée.

Selon un acte d’accusation daté de jeudi dernier concernant les personnes accusées de vol, Cecilia Abena Dapaah s’est fait voler une énorme somme d’argent. Une « somme en espèces » de 1 million de dollars (780 000 £), ainsi que 300 000 euros (333 000 $) et 350 000 cedis ghanéens (30 000 $), ainsi que d’autres objets personnels, notamment des sacs à main d’une valeur de 35 000 $ et des bijoux d’une valeur de 95 000 $.

L’homme de 68 ans conteste les chiffres donnés dans le document judiciaire mais les révélations ont indigné de nombreuses personnes au Ghana.

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La monnaie du pays a rapidement perdu de la valeur ces derniers mois, les responsables de l’économie en difficulté blâmant les thésauriseurs de dollars pour les malheurs du cedi.

Il a été choquant pour beaucoup d’apprendre qu’une ministre du gouvernement détenait peut-être elle-même des devises étrangères.

Mme Dapaah a démissionné samedi de son poste de ministre de l’assainissement et des ressources en eau, un poste qu’elle occupait depuis cinq ans afin, a-t-elle dit, de ne pas détourner l’attention du travail du gouvernement. Elle a ajouté qu’elle était sûre que toute enquête montrerait qu’elle avait agi avec intégrité.

Cela n’apaisa pas la colère. Lundi, elle était en état d’arrestation.

Le bureau du procureur spécial, qui traite des allégations de corruption contre des hauts fonctionnaires, a annoncé qu’il avait arrêté et interrogé Mme Dappah pour « présomption de corruption et d’infractions liées à la corruption concernant de grosses sommes d’argent et d’autres objets de valeur qui auraient été volés à sa résidence ».

Elle a été libérée sous caution tard lundi soir après que ses résidences officielles et privées dans la capitale, Accra, aient été perquisitionnées.

La saga a commencé par un cambriolage – ou peut-être une série de cambriolages – au domicile privé de la ministre, qu’elle partage avec son mari et sa fille.

Deux femmes, qui travaillaient comme domestiques pour la famille, sont au centre des accusations. L’un aurait agi comme guetteur, tandis que l’autre aurait volé l’argent et d’autres biens. Ils – ainsi que les trois autres accusés – n’ont pas commenté les accusations.

Les « brefs faits » de l’enquête, qui sont joints à l’acte d’accusation, indiquent qu’en octobre dernier, le mari de Mme Dapaah, Daniel Osei Kuffour, est rentré chez lui et a entendu « un bruit inhabituel » dans sa chambre, puis a trouvé l’un des accusés caché derrière la porte.

C’est après que le couple s’est rendu compte qu’il manquait des choses mais ils ne se sont rendus à la police que sept mois plus tard.

On ne sait pas pourquoi il y a eu un si long délai, mais pendant ce temps, les accusés auraient fait des dépenses extravagantes.

L’un d’entre eux aurait acheté une maison de trois chambres à la périphérie d’Accra ainsi que des articles pour y entrer : un réfrigérateur à deux étages, une télévision, une machine à laver, un congélateur coffre, une cuisinière à gaz et un distributeur d’eau. Elle aurait donné de l’argent à son petit ami pour acheter deux voitures – une Hyundai Elantra et une Honda Civic.

Le couple est également accusé d’avoir loué une autre maison de trois chambres dans une autre ville et un débarras.

L’autre ancienne employée de Mme Dapaah aurait dépensé une partie de sa part de l’argent volé pour construire sa propre maison de trois chambres.

Mais pour l’ancienne ministre elle-même, la source de l’argent qui a financé cette prétendue énorme facture d’achat était un mystère.

Dans sa lettre de démission, Mme Dapaah a déclaré que les informations selon lesquelles elle disposait de « diverses sommes énormes de devises étrangères et de millions de cedis ghanéens… ne représentent pas correctement ce que mon mari et moi avons signalé à la police ».

La réponse du président Nana Akufo-Addo a déçu les militants anti-corruption car elle semblait préjuger du résultat des enquêtes.

« Je suis convaincu… qu’en fin de compte, votre intégrité, pendant votre mandat, sera établie », a-t-il écrit à Mme Dapaah.

Elle était ministre depuis la première élection du président Akufo-Addo en 2017, d’abord dans l’aviation et un an plus tard, elle a été transférée à l’eau et à l’assainissement.

Mme Dapaah était bien connue car elle était l’une des trois seules femmes du cabinet du président.

Maintenant, son avenir politique est en jeu alors que le procureur spécial enquête pour savoir si elle avait vraiment d’énormes sommes d’argent dans sa maison et si oui, d’où cela venait.

BBC