Togo : Gilbert Bawara s’exprime sur l’arrestation de l’artiste Aamron et prône un usage responsable de la liberté d’expression

Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique et porte-parole du gouvernement togolais, a été invité le 24 juin dernier sur la chaîne privée New World TV. Reconnu comme un proche du Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, il a pris la parole concernant l’arrestation controversée de l’artiste Aamron. Il a qualifié cette interpellation de « malheureuse et regrettable », tout en la considérant justifiée au regard des propos tenus par l’artiste. « Nous ne parlons pas d’un citoyen tranquille, n’ayant rien fait du tout, qui aurait été victime d’un État répressif, » a-t-il affirmé, rappelant que la liberté d’expression ne doit pas être un prétexte pour les injures ou diffamations.
Bawara a insisté sur l’engagement du gouvernement en faveur des libertés fondamentales, tout en mettant en garde contre les dérives langagières. « Un citoyen peut critiquer ce qu’il considère comme insatisfaisant. Mais cela ne justifie pas les comportements inappropriés observés chez cet artiste, » a-t-il déclaré. Selon lui, les figures publiques doivent être conscientes de leur responsabilité dans l’utilisation de leur parole.
Malgré la controverse, le ministre a salué le « dénouement heureux » de l’affaire Aamron, qu’il perçoit comme un signe d’apaisement. Il a même évoqué la possibilité d’un soutien de l’État à l’artiste, notamment pour son bien-être et ses projets professionnels. « S’il estime avoir besoin d’aide, qu’elle vienne de bonnes volontés ou des pouvoirs publics, pourquoi pas du gouvernement, » a-t-il ajouté.
Profitant de cette occasion, Gilbert Bawara a lancé un appel à la jeunesse togolaise, les encourageant à faire preuve de discernement face aux discours haineux et à ne pas se laisser manipuler. Pour le ministre, la critique est légitime, mais elle doit s’exercer « dans le respect mutuel et des valeurs républicaines. »
L’affaire Aamron illustre la tension souvent présente entre le droit à l’expression et le respect des institutions démocratiques au Togo.
Alors que le droit à l’expression est fondamental dans une démocratie, il ne doit pas empiéter sur l’intégrité et le fonctionnement des institutions qui garantissent cette même démocratie. Le gouvernement togolais se retrouve donc face à un double défi : d’une part, il doit protéger le droit des citoyens à exprimer librement leurs opinions, et d’autre part, il doit veiller à ce que cet exercice ne compromette pas l’ordre public ou la dignité des institutions. Cette gestion délicate nécessite une approche équilibrée, où le dialogue et la réconciliation jouent un rôle central.
Cependant, la réaction des défenseurs des droits humains et de la jeunesse, toujours plus connectés et mobilisés via des plateformes comme TikTok, est cruciale. Ces groupes n’hésitent pas à faire entendre leurs voix, souvent avec une intensité et une rapidité sans précédent. Ils exigent non seulement un cadre légal qui garantisse la liberté d’expression, mais également un respect tangible et constant des institutions démocratiques.
Il est donc essentiel pour le gouvernement togolais de prendre en compte ces préoccupations légitimes. La mise en place de mécanismes de dialogue permanent et inclusif pourrait constituer une voie prometteuse pour établir un climat de confiance. En fin de compte, la solution réside probablement dans une reconnaissance mutuelle des droits et des responsabilités, où la protection des libertés individuelles et le respect des institutions s’harmonisent pour construire une démocratie forte et résiliente.
La rédaction