[Éditorial] TOGO, UN PAYS À L’IMAGE DURABLEMENT ABÎMÉE PAR LE SANG VERSÉ


« Depuis que des activistes démocrates de la société civile ont lancé des appels à des manifestations contre le régime illégal et illégitime de Faure Gnassingbé, ce mois de juin 2025 marque une montée en puissance de la jeunesse togolaise. Considérée comme le porte-flambeau d’une révolution nécessaire pour arracher sa libération, cette génération est motivée par un désir profond de changement et de justice. En effet, face à des décennies de gouvernement autoritaire, les jeunes Togolais s’organisent et font entendre leur voix, aspirant à un avenir où démocratie et droits humains sont au cœur de la gouvernance. »
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TOGO, UN PAYS À L’IMAGE DURABLEMENT ABÎMÉE PAR LE SANG VERSÉ
Depuis que des activistes démocrates de la société civile ont lancé des appels à des manifestations contre le régime illégal et illégitime de Faure Gnassingbé, en ce mois de juin 2025, la jeunesse s’affiche comme le porte-flambeau de la révolution à faire pour arracher sa libération.
Il y a quelques jours, un machin dénommé la HAAC, un instrument de censure au service de la dictature, en fermant les antennes des médias français RFI et France 24, pour avoir donné la parole à des défenseurs du peuple et dépeint la vraie situation politique au Togo, avait eu le culot de dire que lesdits médias portaient atteinte à l' »image du Togo ». Quel Togo ? Celui de la « minorité pilleuse » ou celui du peuple en lutte pour sa libération ?
Or, il se fait que le Togo, celui du pays réel que vit le peuple (pas celui rêvé par les potentats), que nous vivons, nous l’immense majorité, est un pays frappé du sceau indélébile du malheur. Partout le pain manque. L’eau potable manque, l’électricité, quand il y en a, est nommée « peut-être. L’emploi est plus rare que l’or. Payer les ordonnances médicales et les soins de santé sont un rare privilège. L’inflation pour les pauvres (presque toute la population) est un long chemin de croix, surtout pour les ménagères.
Le peuple vit en « mode survie ». La gouvernance est un échec total chaotique. La richesse des voleurs de la République est inversement proportionnelle à la plongée de nos concitoyens dans le gouffre insondable d’une misère crasse (Selon des chiffres de la Banque mondiale, 90% des compatriotes de la région des Savanes vivent sous le seuil de pauvreté).
Et pourtant les responsables de cette gouvernance de l’échec et de la misère ne veulent pas quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne les quitte.
Les images insoutenables de la barbarie de la machine à répression sur le corps jeune des Togolais avides de liberté, sont l’image d’un pays abîmé qu’une dictature cruelle inflige à un peuple martyr. Notamment, la jeunesse qui incarne dans sa chair et son imaginaire l’avenir d’un pays pourtant très civilisé. Cette image désastreuses et honteuse, est celle que le monde entier regarde. Les autres peuples, grâce aux réseaux sociaux, ont le regard posé sur ce que nos dirigeants nous infligent alors qu’ils sont censés nous protéger. Aujourd’hui, plus personne, plus aucun politicien ne peut prétendre martyriser un peuple en cachette. Que font les dirigeants illégitimes de cet héritage civilisationnel transmis par une très longue lignée de générations ? Ne savent-ils pas que tradition signifie transmission ? Que veulent-ils transmettre pour demain ? La violence? le sang versé de ceux qui réclament justice et liberté ? Demain s’enracine dans le présent. La gouvernance, plus que tout, doit être porteuse de valeurs de civilisation. Lorsqu’elle ne l’est pas, elle doit être dégagée.
Ce pays nôtre violenté jusque dans le tréfonds de son humanité, me fait penser au titre du roman du Sénégalais Ousmane Sembène qui dénonçait la barbarie de la colonisation dans son pays: « Ô pays, mon beau peuple ».
Ayayi Togoata APÉDO-AMAH