Togo : Tensions et Arrestations lors des Manifestations à Lomé

Un appel lancé sur les réseaux sociaux, notamment à travers des diffusions en direct sur TikTok, a mobilisé des milliers d’internautes qui ont suivi les discussions, et plusieurs jeunes avaient prévu de manifester pacifiquement dans la capitale. La nuit de jeudi 05 à vendredi 06 juin, a été marquée par une montée des tensions à Lomé, la capitale du Togo. Des jeunes ont envahi les rues pour faire entendre leurs voix, brandissant pancartes et banderoles. Ils dénonçaient leurs conditions de vie précaires, le chômage, les restrictions des libertés civiles, la hausse des prix, ainsi que l’arrestation récente de l’artiste Aamron, interpellé dans la nuit du 26 au 27 mai pour avoir critiqué le régime de Faure Essozimna Gnassingbé.
Les autorités ont rapidement pris des mesures strictes pour prévenir tout rassemblement, en bloquant les principaux axes et en interdisant tout accès vers le palais présidentiel. Ailleurs les quartiers de Bè, Akassimé et d’autres zones populaires ont été le théâtre de ces rassemblements, qui ont rapidement été dispersés par les forces de l’ordre. Celles-ci ont principalement utilisé des gaz lacrymogènes, provoquant des affrontements entre les jeunes manifestants et les policiers.
Plusieurs personnes seraient blessées, et d’autres interpellées, dont M. Bertin BANDJIANGO, président de la synergie des élèves et étudiants du Togo, ainsi que Mme Grâce Bikoni KOUMAYI, ex militante du Nouvel engagement togolais (NET), appréhendée alors qu’elle diffusait en direct sur TikTok. Un journaliste, M. Gildas KOUNDE, a également été arrêté jeudi.
Une journaliste française Flore Monteau, correspondante de TV5MONDE a été interpellée par les forces de l’ordre puis libérée quelques heures plus tard, alors qu’elle couvrait les manifestations dans le quartier Agbalépédo. Malgré la présentation de sa carte de presse et de son accréditation officielle délivrée par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), les agents ont exigé la suppression des images. Face à son refus, son matériel de travail ainsi que son téléphone ont été confisqués, avec interdiction formelle d’y toucher. Elle a ensuite été conduite au commissariat de Djidjolé, où elle a finalement été contrainte d’effacer les images avant que ses équipements ne lui soient restitués.
Pourquoi cette montée de tension
La vidéo de sa désolation publiée sur les réseaux sociaux par l’artiste Aamron est perçue comme un simple formalisme, davantage destiné à apaiser la tempête médiatique qu’à reconnaître sincèrement ses erreurs. Elle a suscité une réaction encore plus forte de la part d’une population déjà en colère. Osons croire que le contexte dans lequel les excuses sont données ainsi que l’authenticité ressentie par le public a joué un rôle crucial dans leur réception et aggravé le mécontentement du public. Cependant, des vidéos de la manifestation circulent toujours sur les réseaux sociaux, montrant des scènes de chaos et des manifestants exprimant leur colère face à ce qu’ils jugent être une répression excessive.
La situation demeure tendue et sujette à évolution. À suivre.
La rédaction