Nigeria | « La subvention au carburant a disparu » (Bola Tinubu)

Le nouveau président de la plus grande démocratie d’Afrique, le Nigéria, a profité de son discours inaugural pour faire une annonce politique majeure visant à atténuer la pression sur les finances publiques.

Bola Tinubu a déclaré que la subvention de plusieurs décennies sur les produits pétroliers était en train d’être supprimée.

Il a annoncé lors de son discours inaugural que la subvention du carburant du pays avait été supprimée, suite à l’indisponibilité des allocations budgétaires pour le programme.

« La subvention au carburant a disparu », a-t-il déclaré à une foule nombreuse dans la capitale, Abuja.

« Il ne favorise que les riches et non les pauvres et est devenu de plus en plus coûteux à entretenir » disait-il à cette foule

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Il n’est pas certain que la suppression des subventions soit effective immédiatement.

Les économistes, cependant, disent que l’effet d’entraînement de la suppression des subventions est un coût de transport élevé, une augmentation des coûts de production et des prix des matières premières.

Le Nigeria est le deuxième producteur de pétrole d’Afrique derrière l’Angola, mais importe plus de 90% de ses besoins en carburant en raison de son incapacité à raffiner localement son propre carburant.

On ne sait pas quand la nouvelle politique entrera en vigueur, mais la fin de la subvention entraînera une hausse du prix de l’essence et pourrait avoir un effet d’entraînement sur d’autres prix.

Les gouvernements nigérians précédents ont essayé en vain de mettre fin à la subvention introduite pour la première fois dans les années 1970.

Malgré sa richesse pétrolière, le Nigeria est incapable de raffiner suffisamment de brut pour répondre à la demande locale. Il importe donc des produits pétroliers, qui sont ensuite vendus à un prix fixé par le gouvernement.

Mais la subvention est une énorme ponction sur les finances publiques. L’année dernière, il a englouti 4,3 milliards de nairas (9,3 milliards de dollars; 7,5 milliards de livres sterling) et pour le premier semestre de cette année, 3,36 milliards de nairas lui ont été budgétisés.

Le nouveau président a déclaré que la subvention ne pouvait plus être justifiée et que les fonds seraient plutôt dépensés pour les infrastructures publiques et pour améliorer la vie des gens.

Des files d’attente sinueuses sont revenues dans les stations-service des villes du Nigéria après l’annonce par le président Bola Tinubu de la suppression des subventions.

Les habitants de villes comme Lagos et Abuja paient jusqu’à 600 nairas (1,30 $; 1 £) le litre, un bond par rapport aux 185 nairas qu’il vendait lundi.

La compagnie pétrolière d’État NNPC a déclaré qu’il y avait suffisamment d’approvisionnement en carburant pour répondre aux besoins des Nigérians et qu’il n’y avait pas besoin d’« achat de panique ».

Les Nigérians ont cependant déploré la rareté de la marchandise dans de nombreuses régions du pays, attendant pendant des heures dans de longues files d’attente pour obtenir le produit.

M. Tinubu, 71 ans, succède à Muhammadu Buhari, qui a démissionné à l’issue de ses deux mandats. Il a remporté des élections contestées avec la promesse de renouveler l’espoir – mais il est confronté à de difficiles défis économiques et sécuritaires.

Il est sous pression pour s’attaquer à la crise économique.

L’inflation est à son plus haut niveau depuis près de 18 ans, une personne sur trois est au chômage et la production de l’industrie pétrolière vitale diminue.

M. Tinubu a reconnu ces défis dans son discours, affirmant que son équipe publierait sa feuille de route économique dans les semaines à venir, mais a souligné que les taux d’intérêt étaient trop élevés.

Il a remporté l’élection en février avec 37% des voix. Son principal rival Atiku Abubakar a obtenu 29% et Peter Obi du Labour 25%.

La victoire de M. Tinubu est contestée en justice par les deux candidats de l’opposition.

Ils disent que le résultat a été manipulé.

Mais M. Tinubu a déclaré qu’il « étendait la main sur le clivage politique » et a décrit l’élection comme âprement disputée et de meilleure qualité que les précédentes.

Il a également déclaré que les femmes et les jeunes figureraient en bonne place dans son administration et a fait allusion à l’embauche de plus de personnel de sécurité pour faire face à la crise de sécurité, qui comprend des enlèvements contre rançon.

En tant qu’ancien gouverneur de Lagos, il a revitalisé la plaque tournante commerciale du Nigeria – pas une tâche facile – et ses alliés disent qu’il adoptera la même approche technocratique et réfléchie pour diriger le vaste pays de plus de 200 millions d’habitants.

Mais les opposants au nouveau président disent qu’il a perdu la vitalité qu’il avait utilisée pour moderniser avec force Lagos.

Depuis l’élection, il s’est rendu deux fois à l’étranger, soulevant des questions sur sa santé. En 2021, il a passé des mois à Londres à être soigné pour une maladie non divulguée.

Il a balayé les critiques, affirmant que le travail ne nécessite pas la forme physique d’un athlète olympique – et ses associés n’hésitent pas à rappeler à tout le monde que le président américain Joe Biden est plus âgé, à 80 ans.

Mais si M. Abubakar et M. Obi réussissent, alors M. Tinubu ne restera peut-être pas au pouvoir très longtemps.

Le tribunal électoral devrait commencer à entendre les principaux arguments de leur affaire mardi et une décision devrait être rendue dans les six prochains mois.

Togonyigba/BBC