Maintien des sanctions contre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso : Et si la CEDEAO allait jusqu’au bout de sa logique en sanctionnant les présidents africains qui ont réussi à outrepasser la limitation des mandats ?
Les présidents « à vie » se comptent par dizaines aujourd'hui en Afrique subsaharienne !

Plusieurs dirigeants africains ont réussi à outrepasser la limitation des mandats en Afrique au nez et à la barbe de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et aussi de l’Union Africaine (UA). C’est à croire que ces deux organisations continentales qui sanctionent aujourd’hui le Mali, la Guinée, et le Burkina Faso sont complices des coups d’état constitutionnelles dans les pays où certains dirigeants-des néo-dictateurs- veulent conserver le fauteuil présidentiel et donc mourir au pouvoir.
Si les limitations avaient été respectées, les transitions auraient pu insuffler du sang neuf dans un quart des systèmes politiques africains, facilitant ainsi la rectification et l’innovation que les alternances démocratiques sont censées apporter. Au lieu de cela, un durcissement des lignes de gouvernance a pu s’installer.
Bien que le contournement de la limitation des mandats en Afrique existe depuis la fin de la guerre froide et non depuis 2015, il s’est considérablement accéléré depuis cette date…Il faut reconnaître que les normes de limitation des mandats continuent d’être respectées à d’autres endroits du continent, principalement en Afrique australe et dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest. La justification semble être : « Si les autres dirigeants ne sont pas tenus de respecter la limitation des mandats, alors pourquoi devrais-je le faire ? »
Dans un article publié par le Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique, https://africacenter.org, le respect de la limitation des mandats a significativement diminué en Afrique depuis 2015, renversant la tendance positive des deux dernières décennies. Ce phénomène a des conséquences importantes puisque les mandats présidentiels les plus longs sont liés à une corruption accrue, à une réduction des droits civiques et à une plus grande fréquence des conflits. Même après avoir levé les restrictions qui limitaient leurs mandats, les élus en place ont tout de même tendance à manipuler les résultats électoraux afin de rester au pouvoir.
Cela illustre la baisse de popularité de ces dirigeants et prouve que la motivation qui les pousse à prolonger leurs mandats est d’ordre personnel et non dans l’intérêt du service public au sens large. Cela souligne en outre que ce contournement n’est pas un fait isolé, mais fait partie intégrante d’un schéma plus général visant à saper l’état de droit et à affaiblir les institutions démocratiques.
L’Afrique risque de revenir à l’époque des « présidents à vie » et aux états à parti unique si cette tendance à ignorer le respect de la limitation des mandats n’est pas inversée
La CEDEAO devrait aller jusqu’au bout de sa logique
C’est sans autre forme de procès que la CEDEAO, tout en réitérant être aux côtés de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso dans leur cheminement vers le retour à l’ordre constitutionnel et donc le d’un pouvoir civil, s’est engagée dans le maintien, contre ceux-ci, des sanctions, notamment leurs exclusions de ses instances. L’institution sous régionale a ajouté une interdiction de voyager contre les dirigeants du Burkina Faso
Et si la CEDEAO ET même l’UA (l’Union Africaine) allaient jusqu’à bout de leur logique ? Car les mêmes sanctions, voire pires, doivent être appliquées aux dirigeants démocratiquement élus dont les sports favoris sont l’oppression de leurs peuples, la mal-gouvernance et surtout le charcutage de la constitution pour s’offrir des «Troisièmes mandats» débouchant inévitablement sur des présidences à vie, et servant de terreau fertile aux insurrections populaires et aux…putschs militaires. Comme la quadrature
Une tendance croissante des dirigeants à contourner la limitation des mandats en Afrique. Le maintien et le rétablissement de la limitation des mandats en Afrique ont des conséquences sur les objectifs plus larges de démocratisation, de développement et de sécurité.
« La limitation des mandats présidentiels est la clé du progrès démocratique et de la sécurité en Afrique »