Arrestation à Abidjan et extradition vers le Bénin du journaliste Hugues Comlan Sossoukpè : le ROADDH réagit

Dans la nuit du 10 au 11 juillet 2025, le journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè a été arrêté à Abidjan, avant d’être extradé vers le Bénin. Cette arrestation a suscité l’indignation de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, dont le Réseau ouest-africain des défenseurs des droits de l’homme (ROADDH).
Le ROADDH souligne que Hugues Comlan Sossoukpè détient un passeport de réfugié au Togo, ce qui le protège des mesures d’extradition vers son pays d’origine. En vertu des conventions de Genève, le droit international stipule clairement que les réfugiés ne peuvent être renvoyés dans un pays où leur vie ou leur liberté serait menacée.
Ainsi, le ROADDH exige la libération immédiate de M. Sossoukpè, appelant les autorités ivoiriennes à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection des réfugiés. Cette situation fait partie d’une tendance alarmante de répression à l’encontre des journalistes dans la région, qui soulève des préoccupations quant à la liberté d’expression et la sécurité des professionnels des médias.
Dans ce contexte, le ROADDH appelle à une mobilisation générale pour garantir les droits fondamentaux de tous les journalistes et défenseurs des droits de l’homme, tout en réaffirmant l’importance d’un environnement favorable à la liberté de la presse. Les organisations de la société civile sont invitées à se joindre à cet appel pour faire entendre leur voix face à cette violation des droits de l’homme.
COMMUNIQUE DE PRESSE DU ROADDH
Lomé, le 11 Juillet 2025 : Le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH) demande à l’Etat de Côte d’Ivoire de respecter la convention de Genève de 1951 en protégeant le journaliste et réfugié Comlan Hugues SOSSOUKPE.
Le ROADDH a appris avec stupeur l’enlèvement à Abidjan dans la nuit du 10 au 11 Juillet 2025 du journaliste Hugues Comlan SOSOUKPE.
Béninois de nationalité, Hugues Comlan SOSSOUKPE est un jeune journaliste engagé et défenseur des droits humains, connu pour ses critiques vis -à -vis des autorités de son pays.
Jouissant du statut de réfugié au Togo depuis 2019, il était en déplacement sur Abidjan, où il répondait à une invitation du Ministère de la Transition Numérique et de la Digitalisation de la République de Côte d’Ivoire, afin de prendre part à la première Edition de l’Ivoire Tech Forum, du 09 au 11 Juillet 2025.
Le journaliste est resté en contact avec ses proches et les tenant informés de son arrivée à Abidjan et continuant de publier des articles sur les réseaux sociaux.
Alors que depuis l’après-midi du 10 juillet 2025, le journaliste est resté injoignable par ses proches, son téléphone inaccessible, des journaux béninois ont publié ce 11 Juillet 2025 au matin, des informations faisant état de ce qu’il aurait été extradé vers le Bénin.
Le ROADDH, après plusieurs investigations aux côtés de ses partenaires, a eu l’information selon laquelle Hugues Comlan SOSSOUKPE est toujours à Abidjan.
L’enlèvement de Monsieur SOSSOUKPE rappelle étrangement celui du cyberactiviste et chroniqueur AMOUSSOU Steve, citoyen béninois, un autre réfugié, enlevé a Adidogomé à Lomé (Togo) dans des conditions inacceptables le 12 Août 2024 alors que la victime était devant son domicile dans la nuit. Ce dernier, malgré les conditions de son enlèvement et de son transport sur le territoire du Bénin a écopé d’une condamnation de deux ans de prison et d’un million CFA d’amende pour « Injures avec motivation polititique » et «initiation et diffusion de fausses nouvelles ».
Le ROADDH appelle l’Etat de Côte d’Ivoire, pays dont la Capitale est dediee aux defenseurs des droits humains à apporter sa protection à Hugues Comlan SOSSOUKPE conformement à la Convention des Nations Unies de 1951 relative aux réfugiés en son Article 33 intitulée «
DÉFENSE D’EXPULSION ET DE REFOULEMENT » dispose :
« 1. Aucun des Etats Contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque
manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou
sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité,
de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques
- Le bénéfice de la présente disposition ne pourra toutefois être invoqué par
un réfugié qu’il y aura des raisons sérieuses de considérer comme un danger
pour la sécurité du pays où il se trouve ou qui, ayant été l’objet d’une condam-
nation définitive pour un crime ou délit particulièrement grave, constitue une
menace pour la communauté dudit pays. »
Le ROADDH appelle l’Etat du Bénin, a l’occasion, d’immédiatement remettre en liberté AMOUSSOU Steve et tout autre prisonnier d’opinion encore détenu.
RESEAU OUEST AFRICAIN DES
DEFENSEURS DES DROITS HUMAINS
SECRETARIAT REGIONAL
14BP 152, LOME-TOGO
Email : roaddh@gmail.com
M. Comlan Hugues SOSSOUKPE, déjà en proie à des poursuites judiciaires, se retrouve malheureusement dans une situation où il est mis sous mandat de dépôt.
L’homme est poursuivi par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) avec 4 chefs d’accusation : incitation à la rébellion, à la haine et à la violence, harcèlement électronique et apologie de terrorisme. Cette situation que vit notre confrère du journal Le Potentiel, soulève de vives préoccupations quant à la liberté de la presse et aux droits de l’homme dans la région. Le ROADDH appelle à une mobilisation immédiate pour obtenir la libération de Hugues Comlan SOSSOUKPE et pour garantir la sécurité de tous les journalistes travaillant dans des conditions difficiles.
José-Éric LeDivin