Afrique | 1er Sommet des pays membres de l’Alliance des États du Sahel(AES) : rupture décisive avec la CEDEAO
En ce samedi 6 juin, Niamey, la capitale du Niger, a été le théâtre d’un événement historique avec la tenue du premier sommet des États du Liptako-Gourma, regroupant le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Ce sommet de l’Alliance des États Sahéliens (AES), une organisation régionale créée en novembre 2023, marque une rupture décisive avec la CEDEAO, dont le sommet s’est ouvert le lendemain à Abuja, capitale du Nigeria. Malgré les appels à la réconciliation lancés par le gouvernement sénégalais, les trois pays sahéliens ont clairement affiché leur intention de tourner la page de la CEDEAO.
La déclaration de rupture
Lors de l’ouverture du sommet à Niamey, Abdourahamane Tiani, président du CNSP, a déclaré que le peuple du Niger, ainsi que ceux du Burkina Faso et du Mali, avaient « irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO ». En présence de ses homologues Ibrahim Traoré du Burkina Faso et Assimi Goïta du Mali, le général Tiani a affirmé que l’AES représente une « alternative à tout regroupement régional factice » et a appelé à la construction d’une communauté souveraine des peuples, loin de la mainmise des puissances étrangères.
Des révolutions populaires à l’AES
Les trois pays de l’AES, dirigés par des militaires arrivés au pouvoir à la suite de révolutions populaires, avaient annoncé en janvier leur départ de la CEDEAO. Cette organisation est perçue par eux comme étant instrumentalisée par la France, l’ex-puissance coloniale avec laquelle ils ont multiplié les actes de rupture. La création de l’AES est donc vue comme une étape essentielle vers l’émancipation régionale et la souveraineté.
Vers une monnaie commune et une confédération
Au-delà de la rupture politique, les trois pays sahéliens envisagent également des mesures économiques intégrantes. Un projet de monnaie commune et de confédération est en discussion. En mai, les ministres des Affaires étrangères du Niger, du Burkina Faso et du Mali avaient évoqué un projet de texte instituant cette confédération. Ce texte devrait être soumis aux chefs d’État pour adoption lors du prochain sommet de l’AES.
Le sommet de l’AES à Niamey représente un tournant majeur pour le Niger, le Burkina Faso et le Mali. En affichant leur volonté de se détacher de la CEDEAO et de créer une nouvelle organisation régionale souveraine, ces pays ouvrent une nouvelle ère de coopération et de solidarité sahélienne. La décision de poursuivre une voie indépendante, loin de l’influence des anciennes puissances coloniales, souligne leur détermination à forger leur propre destin et à construire une communauté unie et prospère.
Avec Mali Émergent plus
Ci dessous le communiqué final du sommet