Togo | Assassinat du colonel Madjoulba Bitala : le général Kadangha Abalo dément toutes accusations
Au Togo, le procès du meurtre du colonel Madjoulba, retrouvé mort dans son bureau au camp militaire le 4 mai 2020, alors qu’il venait d’assister à la prestation de serment du président Faure Essozimna Gnassingbé, élu pour un quatrième mandat de cinq ans, s’est poursuit toute la semaine au palais de justice de Lomé et à huis-clos. Le général de division Kadangha Abalo Félix, ancien chef d’Etat-major général des Forces Armées Togolaises (FAT) est poursuivi entre autres pour complicité d’assassinat dans la mort du colonel Toussaint Bitala Madjoulba, et complot contre la sécurité intérieure de l’État.
Ouvert lundi 23 octobre 2023, l’audition des prévenus suspectés de la mort du colonel Bitala Madjoulba se poursuivi et ce jeudi, le général Abalo Kadangha dément toutes accusations. Pour lui, le colonel Madjoulba était comme son fils, assure-t-il. Et il affirme être mêlé ni de près ni de loin à son assassinat.
Quand le procureur lui demande, « pourquoi avez-vous envoyé l’unité de service des armées sur le terrain, sachant que la gendarmerie était déjà sur l’enquête ? », il répond qu’il a donné son aval à l’USM, un service militaire en charge des enquêtes internes. Le travail de ses enquêteurs aurait conduit, dit-il, à l’arme du crime. Une arme qui n’est autre que celle du colonel Bitala Madjoulba.
Le procureur poursuit : « Vous avez délibérément organisé une enquête parallèle pour faire diversion » et pour entraver travail de la police judiciaire ? Là encore, le général dément.
Les avocats de la défense relèvent des pièces manquantes dans le dossier : notamment l’expertise des téléphones de la victime et le défaut d’empreintes sur l’arme et demandent une contre-expertise.
En outre, sont également dans le box des accusés, le Colonel Ali Kodjo, le Commandant Atèkpè, le chauffeur de feu Colonel Madjoulba, la Secrétaire particulière de feu Madjoulba, Le Lieutenant-Colonel Agbonkou,
Deux autres officiers, cités à plusieurs reprises dans ce dossier par le Général Félix Kadangha dans sa déposition, comparaissent libres à titre de témoins : il s’agit du Colonel Alex Yotroféi Massina, à l’époque des faits Directeur Général de la Gendarmerie nationale et le Colonel Charles Sogoyou, chef d’Etat-major de l’armée de terre à l’époque des faits.
Complot contre la sûreté intérieure de l’État : Kadangha et Kodjo questionnés sur leurs actes
L’audience du tribunal militaire s’est poursuivie, vendredi 27 octobre à Lomé. Contrairement aux jours précédents, l’ancien chef d’état-major, le général Abalo Kadangha, et le colonel Ali Kodjo devaient répondre sur le troisième chef d’accusation : complot contre la sûreté intérieure de l’État. Compte-rendu de l’audience.
Le procureur est revenu sur les raisons de la publication des tracts initiés par le général Abalo Kadangha. Celui-ci affirme qu’il voulait contrer les rumeurs qui l’accusaient d’être à l’origine de l’assassinat du colonel Bitala Madjoulba. Ces tracts mettaient nommément en cause les colonels Kpatcha Sogoyou et Yotroféï Massina.
Le procureur s’est appuyé sur le règlement de l’armée concernant les tracts et a demandé au général Abalo Kadangha s’il connaît les usages et les codes de sa profession. « J’ai fait une erreur », a-t-il répondu. « Avez-vous eu des remords ? », lui a demandé le procureur. Réponse : « Oui, quelques jours après, et j’ai donné le bâton pour me frapper. »
Le procureur s’est tourné ensuite vers le colonel Ali Kodjo, qui a rédigé les tracts. Ont-ils été écrits pour soulever l’armée ? Le prévenu a affirmé qu’il a exécuté l’ordre du général. Mais le procureur a insisté et a abordé sa proximité avec le général. Le colonel Ali Kodjo a répondu qu’en effet, il en est proche, mais qu’en aucun cas, ce n’était pour faire le mail.
Les débats ont été houleux, mais en raison d’une coupure d’électricité, le président a suspendu la séance. Elle reprendra lundi 30 octobre dans la matinée.
Avec RFI