RCI-Présidentielle • Alassane Ouattara, validé par la Cour constitutionnelle, se retrouve face à quatre challengers

L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, prévue pour le 25 octobre prochain, se prépare avec la validation par le Conseil constitutionnel de cinq candidats, dont le président sortant Alassane Ouattara. À moins de deux mois du scrutin, l’absence de plusieurs figures influentes de l’opposition suscite déjà des inquiétudes et pourrait aggraver les tensions politiques dans le pays.
Sans surprise, Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, se présente pour un quatrième mandat consécutif. Pourtant, cette candidature pose des questions sur l’interprétation de la Constitution ivoirienne et sur la pertinence de limiter les mandats présidentiels. En face de lui, quatre autres candidats tenteront de mobiliser un électorat en quête d’alternance.
Parmi les challengers, Simone Éhivet Gbagbo, ancienne Première dame et représentante du Mouvement des générations capables (MGC), compte sur l’héritage politique de son ex-mari. Jean-Louis Billon, député et figure du PDCI, se présente également avec le soutien du Congrès démocratique (Code), n’ayant pas réussi à obtenir l’investiture officielle de son parti. Ahoua Don Mello, ancien vice-président exécutif du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), principalement connu pour son limogeage, se positionne comme un dissident de l’opposition. Enfin, Henriette Lagou Adjoua, présidente du Groupement des partenaires politiques pour la paix (GP-PAIX), mise sur un discours axé sur la réconciliation nationale.
Les réelles absences qui font débat
Les absences de figures majeures telles que l’ancien président Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, président du PDCI et ancien dirigeant de Crédit Suisse, se remarquent. Leurs candidatures ont été déclarées « irrecevables » par le Conseil constitutionnel, tout comme celle de Pascal Affi N’Guessan, le chef du Front populaire ivoirien (FPI), dont le dossier a été rejeté pour absence de parrainages suffisants.
Dans un communiqué percutant, Tidjane Thiam a dénoncé une élection jugée « verrouillée », arguant que « les Ivoiriens espéraient que le Conseil défendrait leur droit fondamental de choisir leur président par la voie des urnes. » Il a souligné que la situation actuelle se résumait à un « plébiscite organisé » autour d’un quatrième mandat illégal pour Ouattara.
Dans sa déclaration, Tidjane Thiam pense que « Le régime du président Ouattara entraîne le pays dans une impasse en s’attaquant aux libertés et en utilisant l’appareil d’État pour réprimer l’opposition. Les Ivoiriens méritent des élections libres, équitables et inclusives. Les assauts permanents contre la démocratie et le déni du droit doivent cesser pour que la paix règne enfin dans notre pays. Nous n’abandonnerons jamais cette lutte jusqu’à obtenir justice. »
Cette déclaration de Thiam souligne l’importance cruciale des valeurs démocratiques et des droits de l’homme dans le contexte politique actuel de la Côte d’Ivoire. Thiam appelle à une mobilisation pour rétablir la justice et garantir que chaque citoyen puisse participer librement au processus électoral. Sa position reflète un désir pressant d’un changement positif et d’une amélioration de la situation politique, tout en mettant en lumière les défis auxquels le pays fait face sous le régime actuel.
Pour l’opposition dans son ensemble, ces exclusions mettent en péril la crédibilité du processus électoral et pourraient raviver des tensions à l’approche d’un scrutin déjà sensible, particulièrement dans un pays qui a connu des violences post-électorales en 2010-2011.
La Commission électorale indépendante (CEI) avait reçu près de soixante dossiers de candidature, tous assortis des parrainages requis et d’un versement de 50 millions de F CFA au Trésor public. L’inquiétude grandit parmi les observateurs face à un scrutin qui se profile comme peu inclusif, des appels à des garanties étant formulés pour prévenir toute escalade de violences.
Les acteurs politiques s’affrontent dans un climat de suspicion et de rivalités exacerbées, et le spectre des conflits passés reste omniprésent.
L’élection présidentielle du 25 octobre se profile comme un tournant décisif pour la Côte d’Ivoire. L’enjeu est double : il s’agit non seulement de choisir un président, mais aussi de redéfinir les bases du vivre-ensemble et de renouer avec un climat de paix et de stabilité. Les appels à un dialogue sincère entre les différents partis politiques sont de plus en plus pressants, alors que la société civile exhorte à la fin des stratégies d’exclusion.
Alors qu’Arassane Ouattara se prépare à défendre son bilan, chaque candidat doit également élaborer une vision claire et mobilisatrice pour convaincre des électeurs en quête d’alternance. Les défis à surmonter sont nombreux : sécurité, emploi, éducation et développement économique figurent parmi les préoccupations majeures des Ivoiriens.
La présidentielle qui s’annonce en Côte d’Ivoire ne sera pas seulement une élection parmi tant d’autres, mais un test de la maturité démocratique du pays.
Les citoyens attendent non seulement des promesses de paix et de prospérité, mais aussi la garantie que leur voix sera entendue et respectée dans le choix de leur dirigeant. Les semaines à venir seront décisives pour l’avenir politique de la nation, et l’issue de ce scrutin pourrait façonner le paysage politique ivoirien pour les années à venir.
José-Éric LeDivin
