L’ONG Médecins sans frontières suspend l’ensemble de ses activités au Burkina Faso
MSF suspend ses opérations au Burkina Faso
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé vendredi suspendre l’ensemble de ses activités au Burkina Faso, après que deux de ses employés ont été tués le 8 février lors d’une attaque de jihadistes présumés dans le nord-ouest du pays.
À la suite de l’attaque au cours de laquelle deux employés de MSF ont été tués le 8 février dernier dans la région de la Boucle du Mouhoun, nous suspendons l’ensemble de nos activités dans le pays », a annoncé l’ONG dans un communiqué, précisant que « seules les urgences vitales seront assurées pour une durée indéterminée ».
Plus tôt ce mois-ci, des hommes armés ont tiré sur un véhicule transportant une équipe médicale dans la région ouest de la Boucle du Mouhoun, tuant deux des employés du groupe tandis que deux autres se sont échappés.
« Dans la matinée du mercredi 8 février, un véhicule de Médecins sans frontières, clairement identifié, transportant une équipe médicale de quatre personnes sur la route entre Dédougou et Tougan (nord-ouest), a été pris pour cible par des hommes armés qui ont fait feu sur l’équipage. Deux employés ont été tués, tandis que deux autres ont réussi à prendre la fuite », a précisé MSF
« Les deux victimes, de nationalité burkinabè, étaient employées par MSF depuis juin 2020, ajoute l’ONG dont les membres sont « bouleversés et indignés par cet assassinat », selon la présidente de MSF, Isabelle Defourny, citée dans le communiqué.
« Il s’agit d’une attaque délibérée et intentionnelle sur une équipe humanitaire clairement identifiée, dans le cadre de sa mission médicale« , a dénoncé Mme Defourny. Il s’agit de la deuxième attaque perpétrée mercredi par des djihadistes présumés au Burkina Faso après celle qui a fait six victimes – trois supplétifs de l’armée et trois civils – dans le Centre-est, selon un habitant et une source sécuritaire.
La nation ouest-africaine est ravagée par la violence liée à Al-Qaïda et au groupe État islamique depuis sept ans, qui a tué des milliers de personnes et déplacé près de 2 millions de personnes, créant une crise humanitaire.
Les combats ont amené des dizaines de milliers de personnes au bord de la famine alors que les djihadistes assiègent les villes. Près de 600 000 personnes vivent sous blocus, ce qui a réduit l’accès à l’aide de 60 %, selon un rapport non publié pour les travailleurs humanitaires consulté par l’Associated Press.
Médecins sans frontières, également connu sous son acronyme français MSF, opérait dans certaines des zones les plus instables du pays, atteignant plus d’un million de personnes avec quelque 1 000 employés.
Personne n’a revendiqué la responsabilité des meurtres du personnel de MSF. Un analyste du conflit a déclaré que l’incident indique les défis auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires opérant au sein d’une foule de groupes armés, y compris l’armée gouvernementale et les volontaires combattant à ses côtés.
« Avec de multiples acteurs armés, les risques sont élevés, et nous ne pouvons pas dire avec certitude que les djihadistes sont les responsables », a déclaré Rida Lyammouri, chercheur principal au Policy Center for the New South, un groupe de réflexion basé au Maroc.