Le paysage des droits en Afrique de l’Ouest s’assombrit (AI)
Amnesty International affirme que pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger, 2022 a été une année particulièrement sombre. Les pays ont connu une augmentation des meurtres de civils par rapport à 2021, alors qu’ils combattent une insurrection djihadiste en cours dans la région.
« Nous parlons de 9 000 civils tués à cause du conflit – et une augmentation de 54% par rapport à 2021 », a déclaré Ousmane Diallo, chercheur sur le Sahel pour le bureau d’Amnesty à Dakar.
Les civils touchés
Selon l’indice mondial du terrorisme (GTI), les attaques terroristes dans le monde ont pourtant diminué en 2022 pour la 1ère fois depuis 2019, avec une baisse de 28% par rapport à 2021. Elles sont passées de 5463 à 3955.
La plupart des attaques terroristes sont perpétrées par l’Etat islamique, les Shebabs, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et le Front de libération du Baloutchistan à l’ouest du Pakistan.
Le nombre total de décès a également chuté de près de 9% par rapport à 2021 passant de 7328 à 6701 décès. Pourtant au Burkina Faso, 1.135 décès ont été enregistrés, soit une hausse de décès de 50% par rapport à l’année 2021, selon la même source.
Selon l’étude, plus de la moitié des 1.135 morts étaient des civils. Les civils constituent, pour la 4ème année consécutive, la cible des terroristes avec 642 décès soit plus de 57% de ces décès. Au total, une augmentation de 29% par rapport en 2021 où 497 civils avaient perdu la vie.
Le rapport révèle que les régions proches des frontières avec le Niger, le Bénin et le Mali ont enregistré 71% de toutes les attaques en 2022. Quelque 448 décès ont été enregistrés dans la région du Sahel.
L’attaque de Seytenga survenue le 12 juin 2022 et qui a causé la mort d’au moins 116 civils est considérée par l’Institut pour l’économie et la paix comme étant la quatrième attaque la plus meurtrière au monde en 2022.
[INVITÉ AFRIQUE] ‘Au Sahel, les organisations de défense des droits humains continuent de travailler dans un climat très hostile’ 🌍 🔊Ousmane Diallo, chercheur au bureau d’AmnestyInternational à Dakar, a répondu aux questions de ClaireFages.
Il faut noté que dans ces zones, de nombreux groupes armés profitent de l’hostilité intercommunautaire et de l’absence des autorités étatiques pour étendre leur influence et mener des attaques contre les civils. Les groupes armés non étatiques ont commis la plupart des violations et des abus. Des violations graves ont également été commises par les forces armées de ces pays.
Par ailleurs, Liberté, égalité, État de droit, ces principes ont une place de choix dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’ONU en 1948 au palais de Chaillot, à Paris. Soixante-quinze ans plus tard, dans ce même palais de Chaillot, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, affirme que les droits de l’homme ont toujours plus du plomb dans l’aile.