[Chronique] Au Togo, l’École est en Péril !
Togo-Éducation : qui pour sauver notre école ?
Nul ne peut s’élever au-dessus du médiocre s’il ne sait imiter le bon modèle. De la même manière, un maxime nous apprend qu’une bonne imitation est une nouvelle invention tandis que la mauvaise imitation nous fait courir à notre perte. Notre école est en péril, on ne le dira jamais assez. Elle est poussée au précipice à grands pas, et son avenir, par ricochet, est sérieusement à craindre.
Il suffit de jeter un regard d’observateur avisé sur le niveau réel de la majorité des apprenants qu’on ne cesse de pousser en classe supérieure juste pour plaire ou éviter les demandes d’explication de la hiérarchie et sans doute la déception des partenaires qui financent à coût de milliards le secteur de l’éducation pour s’en rendre compte.
Le danger est bien réel. Même les adeptes de l’agnosie le constatent clairement, mais tout le monde feint de l’ignorer. Les professionnels de l’éducation sont aujourd’hui dépouillés de toute arme de sanction dissuasives pouvant contraindre les apprenants à être en phase avec la discipline.
Le libertinage semble s’ériger en règle dans le monde scolaire parce qu’il est pratiquement interdit de sanctionner les élèves outlaws. Si la crainte du gendarme marque le début de la sagesse chez le commun des mortels, la peur du bâton a toujours été pour l’élève indiscipliné ou paresseux, non seulement, un excellent redresseur, mais aussi une force dissuasive. Mais au nom de la non-violence en milieu scolaire et des droits de l’enfant en vogue, il n’est plus permis de « corriger » un élève fautif. Même les propos de l’enseignant considérés comme violents à l’endroit de l’apprenant deviennent passibles de peines prévues par la loi.
C’est ainsi qu’on voit le plus souvent les élèves arriver à pas de Seigneur au cours 45 minutes après 7 heures sans être inquiétés. Quelle sanction peuvent-ils craindre ? Aucune, si ce n’est celle de glaner quelques sachets d’eau communément appelés « pure water » et feuilles mortes d’arbres dispersés dans la cour de l’école avant d’obtenir l’autorisation de rentrer en classe tout en brandissant victorieusement la fiche d’entrée à l’enseignant visiblement frustré de voir de nombreux retardataires arriver en classe quand cela leur plaît.
Le comble de l’insupportable, c’est bien les effectifs à faire craquer les salles de classes. On note plus de 100 élèves dans plusieurs salles de classes. Dans ces conditions avec l’interdiction du bâton et autres sanctions considérées comme avilissantes, l’enseignant ne sait plus quoi faire lorsqu’à peine, 5 élèves sur 100 acceptent de traiter leur devoir de maison. La pus grande majorité des apprenants a démissionné face à la lecture et à l’apprentissage des cours. La tricherie et les cours recopiés sur feuilles lors des évaluations restent leur seule alternative.
Même dans les leçons, très peu d’élèves ont la moyenne. En français et en mathématiques, le seuil de la tolérance et du tolérable est franchi. À l’heure du bilan, c’est l’enseignant et les chefs d’établissement qui sont convoqués à la barre. Il leur faut remuer ciel et terre pour que la majorité des élèves par classe obtienne la moyenne en fin d’année. Il n’est pas ainsi rare de voir les petits élèves faisant partie des admis au CEPD avec un taux de réussite à la Soviétique se retrouver dans l’incapacité d’écrire leur nom en 6ème.
Au lycée, les plaintes des professeurs accueillant les titulaires du BEPC frisent là aussi une crise de colère. Mais il faut, à la fin de l’année, un taux de réussite avoisinant la perfection. L’alchimie pour y parvenir reste le seul secret et l’obligation de l’enseignant.
Si dans l’indiscipline et la paresse, la majorité des élèves reussisent à la fin de l’année scolaire, pourquoi vont-ils encore s’efforcer d’apprendre ? La culture de la médiocrité et le libertinage en milieu scolaire sont à la mode. Ainsi va notre école.
D’ici peu, ce sont les élèves hostiles à la discipline et partisans du moindre effort qui feront baver les enseignants en voulant leur arracher les poils du nez.
L’école se meurt, elle va à vau-l’eau.
Les diplômés, on en aura en grand nombre, mais hormis la très petite minorité d’apprenants travailleurs et les rares surdoués à qui je jette des fleurs, soyons-en sûrs et certains que dans l’ensemble, nous aurons un très grand nombre de diplômés bien frelatés avec tout le cortège de dégâts qu’il faudra.
Puisqu’il n’est plus autorisé de revenir au bâton qui seul oblige l’apprenant à se soumettre à la rigueur du travail et de la discipline, il urge par conséquent de trouver une méthode coercitive bien appropriée pour éviter le chaos dans un avenir très proche.
Joachin S.
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