Togo : 62 ans après son assassinat, le nom de Sylvanus Olympio continue de résonner dans la mémoire collective du peuple togolais et du reste du monde
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13 janvier 1963- 13 janvier 2025 : Qui a assassiné Sylvanus Olympio et pourquoi ? Grand acteur de la lutte pour l’indépendance du Togo, il est tué moins de trois ans après son élection à la présidence. En vérité, on ignore tous les détails du déroulé des faits et de l’identité des commanditaires supposés.
Le 13 janvier 1963, le père de l’indépendance et le tout premier président démocratiquement élu du Togo, Sylvanus Olympio a été assassiné. 62 ans après, attaqué le 12 à 23 heures devant son domicile par un commando de six hommes, puis est assassiné le lendemain matin à 7 h 15 devant l’ambassade des États-Unis à Lomé où il s’était réfugié, les circonstances de son assassinats ne sont toujours pas connus.
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Parmi les soldats venus le déloger et l’éliminer, figurait le sergent Étienne Eyadéma Gnassingbé. Il revendiquera son assassinat devant des journalistes français, puis se rétractera en 1992. Il est vrai qu’entre-temps, il était devenu président du Togo en renversant le successeur d’Olympio (1967). Eyadéma Gnassingbé restera 28 ans au pouvoir (jusqu’à sa mort en 2005) à la tête d’un régime autoritaire qui aura malgré tout le soutient constant de la France. Son successeur n’est autre que son propre fils, Faure Gnassingbé qui se maintient au pouvoir jusqu’à aujourd’hui, de manière tout aussi autoritaire.
La famille Gnassingbé règne en effet sur le pays depuis 1967. Eyadéma Gnassingbé avait fait du 13 janvier un jour férié et chômé et décrété une Fête de libération nationale. Célébrée jusqu’en 2013, elle faisait l’objet d’un grandiose défilé civilo-militaire auquel assistaient plusieurs délégations étrangères dont la France et les États-Unis. Pour la famille Olympio et les adversaires politiques du clan Gnassingbé, le 13 janvier est un jour de deuil et de manifestations de protestation contre la dictature.
Ils sont nombreux aujourd’hui ces Togolais qui veulent savoir la vérité. Il y de cela quelques années. L’affaire a fait la une de l’actualité à travers un article publié par Mediapart. La famille de Sylvanus Olympio a souhaité « connaître la vérité » et demandé à avoir accès aux archives officielles de la France. En République française, la loi de juillet 2008, inscrite dans le Code du patrimoine, permet la libre consultation des archives dès lors que celles-ci concernent des événements de plus de cinquante ans.
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Sylvanus Olympio parlait allemand, anglais, français, portugais, yorouba. Pour le président français De Gaulle et Jacques Foccart, son conseiller aux affaires africaines, ce dirigeant africain apparaissait comme totalement indomptable. N’avait-il pas déclaré à l’AFP juste après l’indépendance du Togo : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. » ?
Ce lundi 13 janvier 2025 au Togo, plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition se souviennent de l’illustre homme d’état. Ils ont animés une conférence de presse à Lomé pour marquer cette date anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio pour dénoncer d’une part, la situation politique actuelle du pays et d’autre part, appeler à une mobilisation citoyenne pour une alternance démocratique. « Sylvanus Olympio a rêvé d’un Togo libre, uni et prospère. Aujourd’hui, son esprit doit inspirer notre combat pour mettre fin à la dictature », ont-il déclaré tout en cliquant entre autres sur le régime en place depuis six décennies : « L’inféodation des institutions de la République au parti au pouvoir ; Les manipulations des forces de sécurité et les coups d’État électoraux récurrents ; La promulgation controversée de la Constitution de la Cinquième République le 6 mai 2024, qualifiée de “forfaiture ; La restriction des libertés fondamentales, notamment celle de manifester ; La volonté de transformer le Togo en une monarchie de fait. Pour ce pléthore des Organisations de la société civile et partis politiques de l’opposition du Togo « Le peuple togolais ne peut plus accepter la perpétuation de ce régime oppresseur. Il est temps de mettre fin à cette errance politique », en exhortant la jeunesse togolaise, les leaders religieux et les forces de défense et de sécurité à jouer un rôle actif dans ce combat pour la démocratie.
« Le 13 janvier est une date très importante pour le Togo, et pour nous c’est une date symbolique sur laquelle nous avons voulu nous appuyer pour démontrer encore notre volonté de convergence, démontrer notre envie de nous mettre ensemble pour résister fortement et efficacement contre cette forfaiture du 6 mai 2024 », a souligné le porte-parole de Togo debout, professeur David Ekoué Dosseh. Les forces vives de la nation prévoient des manifestations populaires pour exiger le respect de la Constitution. « Nous serons toujours dans la résistance. Nous allons continuer à marteler ce message et nous espérons que ce message arrivera au plus profond de chaque être, chaque citoyen de cette nation, pour qu’ensemble, nous puissions lutter et mettre fin définitivement à cette dictature, à cette dictature qui nous empoisonne la vie depuis des décennies. Donc, 13 janvier 2025, c’est un commencement », a réaffirmé David Ekoué Dosseh et de conclure : « Le 13 janvier 2025 est un commencement. Et bientôt, nous allons entrer dans la phase active avec des manifestations, des manifestations populaires, des manifestations publiques pour reconquérir les espaces de liberté confisqués ».
Aucune manifestation officielle n’est organisée au niveau étatique pour marquer la commémoration des 62 ans de l’assassinat de Sylvanus Olympio, père de la nation togolaise. Les togolais espèrent que les archives secret-défense françaises puissent parler et apporter des débuts de vérité sur l’assassinat de cet illustre homme d’état togolais.