[LeCoupD’œil] Dites NON à la mentalité de « Nous Contre Eux ». On peut avoir des divergences de vue en politique et être de bons amis !

Au Togo, nous avons un pléthore de formations ou mouvements politiques qui se cohabitent depuis l’avènement de la démocratie dans le pays. Il est tout à fait possible d’avoir des divergences de vue en politique tout en maintenant des liens d’amitié solides. En effet, la politique ne devrait pas engendrer méfiance ni hostilité parmi les citoyens d’une même nation.
En réalité, nous partageons la terre de nos ancêtres et, en tant qu’héritiers, nous avons la responsabilité de préserver la paix et la cohésion sociale. La division qui s’installe au sein des communautés, des lieux de travail et même des familles à cause des différences politiques est un phénomène préoccupant. Nous pouvons être en désaccord dans des débats politiques tout en coexistant et en dialoguant dans le respect. Penser différemment ne devrait jamais être un obstacle à notre humanité ni à notre vie en commun. Si vivre ensemble devient impossible simplement parce que l’autre pense différemment, il est temps de réfléchir à ce que cela révèle de nous et de nos propres valeurs.
La division peut être attribuée à plusieurs facteurs.
Tout d’abord, la polarisation politique joue un rôle crucial. Les médias sociaux et les plateformes d’information accentuent souvent les opinions extrêmes, créant un environnement où les gens se sentent obligés de s’identifier à des camps opposés. Cette dichotomie simplifie des questions complexes en les réduisant à des slogans et à des stéréotypes, ce qui alimente des émotions telles que la peur et la colère envers l’autre camp.
Ensuite, l’identité joue un rôle majeur dans cette dynamique. Beaucoup de personnes considèrent désormais leurs convictions politiques comme une partie intégrante de qui elles sont. Cela peut engendrer un sentiment de trahison ou de rejet lorsqu’un proche affiche des opinions divergentes. Au lieu de dialoguer, certains préfèrent couper les ponts, estimant qu’il est préférable d’éviter les conflits.
Il y a également l’influence des discours souvent polarisants tenus par des leaders d’opinion, qui désignent l’autre partie comme l’ennemie. Cela pousse les individus à adopter une mentalité de « nous contre eux », renforçant ainsi les clivages.
Enfin, le manque de dialogue constructif et d’écoute active entre les différents camps contribue à cette situation. Lorsque les discussions se transforment en débats acrimonieux plutôt qu’en échanges respectueux, cela crée un environnement hostile, où chacun cherche à imposer son point de vue plutôt qu’à chercher un terrain d’entente.
L’opposition doit être la boussole du parti au pouvoir. Nous devons comprendre que les divergences de vision entre les partis politiques sur les questions économiques, sociales ou environnementales, au sein d’une communauté peuvent enrichir le débat et contribuer à une meilleure gestion de la cité pour s’adapter aux réalités changeantes de la société.
Pour contrer cette tendance, il est essentiel de promouvoir le dialogue, la compréhension mutuelle et le respect des opinions divergentes. En cultivant l’empathie et en cherchant à comprendre les raisons derrière les croyances de l’autre, il est possible de diminuer les tensions et de renforcer les liens au sein de nos communautés.
Et comme dirait mon feu père, le changement s’opère de l’intérieur vers l’extérieur. Il est impératif de réexaminer et de reformater notre « disque dur cérébral ». Cela implique de reconsidérer nos attitudes et comportements face aux opinions divergentes. En pratiquant l’empathie et l’écoute active, nous pouvons transformer nos désaccords politiques en opportunités de discussion constructive, plutôt qu’en sources de division. Notre capacité à respecter les différences et à cultiver des relations, même en cas de désaccord, est le véritable fondement d’une société harmonieuse et unie.
Prenons un instant pour réfléchir : fermons les yeux, fermons nos oreilles aux tumultes de la vie quotidienne, et considérons nos amis, collègues de travail, voisins, et même ceux que nous pensons, à tort ou à raison, être nos ennemis simplement parce qu’ils appartiennent à un courant politique différent. Penser différemment ne devrait jamais être un obstacle à notre humanité ni à notre vie en commun. Si vivre ensemble devient impossible simplement parce que l’autre pense différemment, il est temps de réfléchir à ce que cela révèle de nous et de nos propres valeurs.
Aimons-nous en tant qu’enfants d’un même créateur et d’une même nation, le Togo.
L’intellectuel insoumis, José-Éric Kodjo GAGLI
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