Togo | Lancement officiel « Évala 2025 » à Kagnalada : entre tradition ancestrale et rite initiatique

Au nord Togo, dans la préfecture de la Koza, et pratiquement à la même période, Kara et les cantons avoisinants célèbrent un événement culturel majeur : les luttes, sacrées, traditionnelles et initiatiques « Evala » qui ont débuté ce samedi 19 juillet à Kagnalada.

Durant une semaine, du 19 au 27 juillet, les arènes vibreront au rythme des empoignades rituelles pendant ce festival ancestral qui marque le passage à l’âge adulte des jeunes garçons Kabyè, illustrant ainsi un rite initiatique riche en symboles et en valeurs.

Les luttes préliminaires de cette première journée ont opposé les jeunes lutteurs de Lao-haut à ceux de Lao-Bas, sur le terrain de l’EPP Kagnalada, dans le canton de Pya, le village natal du Président du Conseil, Faure Essozimna GNASSINGBE.
Les Evala ne se résument pas à un simple sport. Ce rite initiatique, qui met à l’épreuve les jeunes tant physiquement que moralement, est réservé aux garçons âgés de 18 à 20 ans. Chaque participant, ou « Evalou », se prépare à cet affrontement en suivant un entraînement rigoureux, loin de sa famille. Ce processus leur inculque la discipline, l’endurance ainsi que les règles de vie communautaire. Les combats qui en résultent marquent une étape cruciale de leur parcours initiatique, et même les perdants sont célébrés ; en revanche, ceux qui choisissent de ne pas se battre sont souvent perçus négativement, risquant ainsi l’exclusion sociale.
Les premières finales débuteront le lundi 21 juillet à Tchitchao, suivies de Yadè le mardi et de Bohou le mercredi 23. La finale cantonale est prévue pour le 24 juillet, où deux grandes coalitions — Aké-Lao-Kioudè-Tchamdè et Kadhika-Awidina-Kodah-Pittah — s’affronteront. Le samedi 26 juillet, l’apothéose se tiendra avec les luttes des cantons de Tcharè, Soumdina et Lassa.
D’autres arènes vibreront également dans les cantons de Tchitchao, Yadè, Bohou, Sarakawa, Kouméa, Lassa, Tcharè, Lama, Soumdina, Djamdè et Landa. L’atmosphère sera joyeuse, rythmée par des chants, des danses et des encouragements du public.
Au-delà de leur dimension rituelle, les Evala ont acquis une portée culturelle et touristique significative. Chaque année, des milliers de visiteurs, tant nationaux qu’internationaux, affluent pour vivre ce moment unique et découvrir le patrimoine immatériel du Togo. Politiciens, touristes, chercheurs et curieux se plongent dans cette tradition, reflet d’une forte identité collective.
Conscientes de l’importance de cet événement, les autorités ont renforcé les mesures logistiques. Des formations ont aussi été mises en place dans les établissements hôteliers pour améliorer l’accueil des visiteurs.
Les Evala représentent plus qu’un simple folklore ; elles sont un marqueur identitaire puissant pour les Kabyè. Elles incarnent des valeurs de courage, de discipline et de solidarité. Dans un monde en constante évolution, elles expriment la volonté d’un peuple de préserver ses racines tout en regardant vers l’avenir.
Les festivités prendront fin le 27 juillet, avec une grande danse traditionnelle des Évalas devant le domicile de feu le Président Eyadéma, à Pya.
Céline N.