Culture et tradition

Togo/Akpéma : entre traditions et cultures des vertus chez la jeune fille kabyè

Très diversifié dans ses groupes ethniques, dans ses mœurs et coutumes, dans ses chants et danses, dans ses contes et rythmes musicaux, le Togo, est, diront certains auteurs et culturels, « une véritable mine de valeurs culturelles authentiques ». De cet éventail d’ethnies, aucune n’est réellement majoritaire dans le marquage identitaire global du pays à part le Kabiyè et l’Ewe.

Les Kabiyès, nom donné à cette population, représentent environ 17% de la population togolaise et se concentrent principalement dans le Centre Nord du Togo, dans la région de la Kara, (420Km de la capitale, Lomé), d’où est également originaire le groupe. Dans ce groupe ethnique, le processus d’accession à la majorité est traditionnellement l’un des plus importants, que ce soit pour le jeune garçon ou pour la jeune Kabiyè.


Le pays kabiyè au mois de juillet vit deux grands moments de tradition. Après les Evala chez les jeunes garçons, c’est le tour de l’initiation de la jeune fille Akpénou, une initiation connue sous le nom Akpéma, un passage obligé dans la socialisation de la jeune fille kabiyè. L’objectif est de signifier au jeune candidat ainsi qu’à sa famille et à l’ensemble de la communauté, qu’il ou elle a atteint l’âge adulte et la maturité.
Plus spécifiquement, le rite de passage de la jeune fille à la femme au sein de ce groupe ethnique est appelé « AKPÉMA ». 
Pour les sages, c’est l’occasion pour la fille, future femme au foyer de prendre conscience de son rôle, en tant que femme dans la société. La femme dans n’importe quel groupe ethnique joue un rôle capital. Les cérémonies Akpéma constituent un chemin que parcours la jeune fille Kabiyè pour passer à une nouvelle classe sociale.
Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce rite, il faut tout d’abord remonter à la naissance de la jeune fille Kabiyè.


Lorsqu’elle vient au monde, cette dernière fait l’objet d’un accord entre sa famille et celle d’un petit garçon, qu’elle sera destinée à épouser au moment de leurs deux accessions à l’âge adulte. Les parents du garçon négocient alors leur prérogative sur la nouvelle née afin de s’assurer un lignage. Ce garçon, durant son adolescence, sera de cette manière dans l’obligation de servir ce qu’il peut d’ores et déjà appeler sa belle-famille. Ce service, qui dure entre trois et cinq ans est souvent sous la forme d’un travail aux champs, de l’offrande d’aliments tels que le riz, le mil ou l’igname, ou autres courtoisies : la dote se construit alors petit à petit.
Pendant ce temps, durant la période d’adolescence de la jeune fille, elle est formée par les femmes de sa communauté ou de sa famille. On lui apprend alors comment tenir un foyer et comment se comporter, l’objectif étant de la former, la conseiller, l’inculquer les valeurs de la communauté et la préparer pour son futur époux.


L’Akpéma dans les époques lointaines était non seulement le rite initiatique féminin, mais aussi la marque signifiant que le nouveau-né devenue jeune fille, sera après les diverses cérémonies constitutives de ce rite une femme prête à épouser l’homme qui lui a été destiné.

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La jeune fille dès l’âge de 15 à 18 ans, devra bénéficier de ce rite initiatique Akpéma qui l’habitue à l’endurance, au courage et à la sauvegarde de certaines vertus qui lui donnent un statut enviable lequel est la sauvegarde de sa virginité avant le mariage.
Au commencement du rite, généralement un samedi du mois d’Août, la jeune fille est enfermée, ou mieux « internée », et nul n’a le droit de rentrer dans ce lieu d’enfermement, ni même son père et sa mère. C’est la première phase du rite, la phase de séparation. Ainsi, elle mesure l’importance de son rôle futur de femme qui la conduira souvent à être seule face à des situations difficiles ou face à des choix cornéliens. Le lendemain, à l’aube et avant qu’il ne fasse grand jour, les membres de sa famille, que peuvent être oncles, tantes ou autres, viennent la libérer d’une longue nuit de solitude. Sa tête est alors complètement rasée et enduite d’un colorant, dans la continuité de la phase de séparation. Puis, complètement dénudée, sont attachés à son mollet et à ses hanches, des cordages noirs ou couverts de poils d’un animal immolé pour l’occasion. Ces derniers traitements sont donnés à la jeune fille par les membres féminins de sa famille, car pour les parents, c’est souvent une grande fierté de voir son enfant évoluer dans la hiérarchie de la vie.
Après cette période d’enfermement et de préparation à la plus grande cérémonie, qui doit débuter peut après, il reste cependant une tâche primordiale que la jeune fille doit effectuer, pour la bonne poursuite de ce rite de passage. Elle a l’obligation de présenter ses excuses à ses ancêtres pour tout forfait préalable, afin de pouvoir recevoir leur bénédiction, dont l’importance est capitale. Ceci étant fait, le soir, à partir de 15heures, la cérémonie centrale, prédominante et tant attendue peut débuter. La néophyte doit à présent braver pentes et collines, pour se rendre au sommet de la montagne sacrée, dans un lieu sacré, appelé « Saoudè ». Cette nouvelle épreuve se veut renforcer l’endurance et le courage de la jeune fille.
L’initiée (Akpénou), très dévêtue, la tête rasée, un collier en fer au cou part en file indienne dans la forêt où se poursuivent les manifestations grâce à une équipe qui l’accompagne en tenant le strict nécessaire à savoir : une tige de roseau portée dans une tige de mil évidée, un petit pot en terre cuite contenant de la bouillie et couvert d’une petite calebasse. Là, se déroule la cérémonie qui met en jeu le point le plus capital de l’Akpéma : la virginité de la jeune Akpénou, nom donné à la fille subissant le rite.


Dans la forêt, l’Akpénou vierge peut s’asseoir sur une pierre sacrée (podé ou boré) dont l’origine des pouvoirs est inconnue ou en tout cas, considérée comme mystique, pour prouver aux yeux de tout le monde présent et partant de là toute la fierté de sa communauté et surtout celle de ses parents. Au-delà de cette simple fierté de l’entourage, la jeune fille Kabyè est donc invitée à mener une vie saine, en gardant sa virginité avant la cérémonie. Un vrai défi pour certaines mais qui leur permet de développer de bons réflexes pour l’avenir de leurs foyers.
Celles qui ont perdues leurs virginités ne sont pas toutefois exclues. Même si elles ne peuvent pas accéder à la pierre sacrée, elles doivent passer par les rites afin de se sentir mature et apte à entrer dans la vie active. Si l’Akpénou s’entête à s’approcher de la pierre sachant sa non virginité, elle encourt à des saignements graves et est sujette au risque de ne pouvoir, pour un certain temps, se relever de cet objet sacré.
Une fois cette étape franchie avec succès, la jeune fille est ramenée auprès sa famille. La fête peut dès lors débuter. Les familles organisent le plus souvent des festins en l’honneur de la nouvelle femme. Elle peut dès à présent s’habiller, danser et sortir, en attendant son mariage prochain.

SOH Essozolim Victorien

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