Samedi 04 juin, les dirigeants ouest-africains étaient réunis en sommet à Accra au Ghana, pour se pencher sur les transitions en cours au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Trois pays dirigés par des juntes militaires depuis des coups d’État. Finalement, pas d’assouplissement ou de durcissement des sanctions lors de ce sommet.
Sur le Mali, la Cédéao ne se satisfait pas des 24 mois de transition que propose la junte. L’organisation régionale maintient ses 16 mois maximum. Mais au sein de l’organisation, le traditionnel consensus entre les États n’a pas été trouvé. Les chefs d’État ont donc décidé de renvoyer leur décision au 3 juillet, le prochain sommet ordinaire de la Cédéao. Jusqu’à ce présent, un assouplissement des sanctions contre le Mali et un éventuel durcissement des positions contre la Guinée étaient attendus.
Mais ce samedi, le huis-clos a été assez long, signe de possibles désaccords. Selon plusieurs sources, les pays membres étaient divisés en deux camps. D’un côté, les partisans d’une ligne ferme sur le Mali comprenant notamment le Niger, la Gambie ou le Ghana. Quand d’autres, comme le Nigeria, mettent de l’eau dans leur vin, et commencent à trouver les sanctions trop dures pour la population malienne, particulièrement en cette période de guerre en Ukraine qui impacte toutes les économies du monde. Le président nigérian Muhammadu Buhari est, chose rare, venu en personne à ce sommet de la Cédéao à Accra.
Le Niger et la Gambie en particulier tenant à garder une position ferme sur les sanctions.
Désaccords ou plus de temps laissé aux juntes ?
Est-ce que ces deux blocs n’ont pas réussi à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre ? Ou bien est-ce que les chefs d’État ont décidé de laisser davantage de temps aux juntes pour clarifier leurs positions ? Peut-être un peu des deux.
Le sommet de l’Uemoa qui a suivi celui de la Cédéao s’est transformé en grand oral pour le Premier ministre burkinabè Albert Ouédraogo et pour le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop qui ont pu s’exprimer devant les chefs d’État de cette organisation.
Le sommet a par ailleurs désigné l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou médiateur pour le Burkina Faso. Là aussi, l’organisation régionale attend encore des progrès sur la durée de la transition. Ouagadougou propose toujours trois ans, mais c’est trop pour la Cédéao qui reconnait toutefois les dispositions des autorités à maintenir le dialogue avec la Cédéao.
Inacceptables également les 36 mois décidés par la Guinée. Conakry, qui a déjà échappé aux sanctions fin mars, a encore un mois pour revoir son calendrier.
Communiqué final
Au lendemain du sommet, la Cédéao a publié, ce dimanche matin, son communiqué. Les chefs d’État y ont précisé leurs attentes, au cas par cas, en ce qui concerne le Mali, la Guinée et le Burkina Faso.
Sur le Burkina, les chefs d’État de la Cédéao notent les progrès réalisés pour la sécurisation du territoire mais également la détérioration de la situation humanitaire. Les trois années de transition, proposées par les autorités burkinabè, ne sont toujours pas jugées acceptables. Le Burkina reste donc suspendu des instances de la Cédéao mais le dialogue se poursuit.
En ce qui concerne la Guinée, les chefs d’État ouest-africains se disent préoccupés par la dégradation de la situation socio-politique qu’ils attribuent à l’absence de cadre approprié de dialogue entre les autorités, les acteurs politiques et la société civile. Ainsi, la Cédéao demande à Conakry la finalisation d’un calendrier acceptable pour la fin de la transition et le respect des droits humains dans le pays.
Enfin sur le Mali, la Cédéao maintient les sanctions économiques et financières imposées, depuis le 9 janvier, et demande au médiateur Goodluck Jonathan de poursuivre ses efforts. Le dialogue se poursuit donc avec Bamako pour parvenir à un accord devant permettre, à la fois, le retour rapide à l’ordre constitutionnel et la levée progressive des sanctions.
Avec RFI
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