Charles Debbasch, une vie hors normes.

L’éminent juriste et ancien doyen de la Fac de droit d’Aix, Charles Debbasch,
est décédé samedi à Paris. Protagoniste de « l’affaire Vasarely », l’universitaire a passé ces 20 dernières années au Togo où il exerçait son influence dans le premier cercle du pouvoir, pays où il résidait depuis le début des années 2000 et dont il avait acquis la nationalité.

Au terme d’une vie tonitruante passée sur les estrades des amphis, sous les projecteurs des médias et au cœur des cercles de pouvoir, L’universitaire s’est éteint s à l’âge de 84 ans et son décès ne s’est accompagné d’aucune communication officielle, pas même un avis, si bien qu’à l ‘heure où nous écrivons ces lignes, l’information ne circule encore, qu’entre un petit nombre d’initiés.

Une vie hors normes.

à Tunis en 1937, sa famille s’était ensuite installée à Aix oin le jeune homme fait « son droit ». Étudiant prodige, il devient le plus jeune agrégé de droit public de France (titre qu’il conserve encore au- jourd’hui) à 24 ans. Puis, il valide en une seule année, trois 3 ‘cycles dans des spécialités différentes et expédie une thèse dans la foulée. Du jamais-vu.

Appuyé par les pontes de l’université, le jeune juriste gravit les échelons à toute vitesse et devient, à tout juste 33 ans, le doyen de la Fac de droit dont il vient à peine de sortir. On est alors en 1970 et l’université française ballote encore dans les tourbillons de l’après 68. À Aix, les juristes ont été mariés aux médecins dans une structure commune mais la cohabitation se passe mal. Déterminé, Charles Debbash va obtenir, dès 1973, la création d’une nouvelle entité à sa main: Aix-Marseille 3. Naturellement, il en devient le premier président. « Il avait conçu une fac à l’image de ses idées, la fac Debbasch, c’était une fac de droite », observe Marc Pena, son lointain successeur au poste de doyen de la Fac de droit dans les années 2000. Un homme de gauche qui a appuyé la fusion vers une université unique née en 2013.

A la fin des années 70, de nouvelles portes s’ouvrent pour le jeune mandarin plein d’avenir: celles des cabinets de l’Elysée, chez Pompidou puis Giscard. Mais l’arrivée de la gauche au pouvoir condamné vite cette voie. Revenu à Aix, où il continuera de former des générations d’étudiants jusqu’au début des années 2000.

Mais Charles Debbasch a bien d’autres activités : patron de presse à la tête du Dauphiné Libéré et de diverses radios dont il est à l’origine (notamment Radio Mirabeau), professeur du prince héritier du Maroc (le futur Mohammed VI, conseiller juridique pour divers régimes africains (Côte d’Ivoire, Gabon, Congo) dont il rédige les constitutions, avocat … Sans oublier la Fondation Vasarely qu’il présidera une décennie. A partir du début des années 90, la rupture avec la famille de l’artiste et sa gestion critiquée plongeront Charles Debbasch dans une invraisemblable saga judiciaire qui lui vaudra de connaitre la prison et le poursuivra jusqu’à la fin de sa vie.

Source : Romain CANTENOT, Laprovince.com