«Je ne peux pas rester sans réagir face aux tourments que subit un innocent…», réagit Ghislain Koffi Awaga dans un courrier parvenu aux destinataires, dont le chef de l’Etat, le juge d’instruction, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Lomé, l’avocat Me Toussaint Adigbo, dans la matinée du 06 décembre 2021.
Plus de deux mois après une détention qu’aucun texte de loi de la République ne justifie, Dzilan Komlan Dodji alias Dimas Dzikodo, peut « logiquement » caresser le rêve d’une libération sans délai, après la preuve irréfutable de son innocence, logée dans un courrier de Ghislain Koffi Awaga, Président Directeur Général GTC SA. Ledit courrier, acheminé par DHL Express, a été livré le dernier par un facteur entre 9h et 12h à tous les destinataires. Le document est rédigé en langue portugaise, matériellement certifié par un notaire bissau guinéen et traduit en français, avec, en pièce jointe, la copie du passeport de Ghislain Koffi Awaga .
« J’ai pris connaissance des faits qui sont constatés et reprochés à Global Trade Corporation SAS ou à ma personne et je tiens à marquer mon intention d’une collaboration franche pour un meilleur aboutissement pour nos clients. Nous avons également appris l’arrestation de Monsieur DZILAN Komlan Dodji encore appelé DIMAS DZIKODO, Chef d’entreprise et journaliste. », introduit Ghislain Awaga, avant d’apporter des clarifications qui blanchissent ou mettent hors d’état de cause le directeur de publication de Forum de la Semaine. «M. DZILAN Komlan Dodji a été contacté par ma personne durant le processus de mutation de notre société en entreprise agro-industrielle et minière qui devait marquer la transformation en société anonyme et plus tard l’arrêt des activités de trading au profit des activités de l’économie primaire, malheureusement ce processus n’a pas pu connaître un aboutissement en raison de l’arrêt de nos activités. M. DZILAN Komlan Dodji n’a jamais été contacté dans l’exercice de nos activités de trading qui ont débuté dès que nous avions créé la société. Il a été contacté récemment lors du changement de statut et n’a jamais reçu un compte rendu ni pris une décision quelconque en tant qu’administrateur pour la simple raison que nous n’avons encore tenu aucune réunion de conseil d’administration. Il fait partie des clients puisqu’il détient trois contrats. M. DZILAN Komlan Dodji n’est jamais intervenu sur un processus de levée de fonds ou de trading au sein de notre entreprise ni m’aidé ou aidé un employé de la boîte à lever les fonds. M. DZILAN Komlan Dodji n’a jamais eu de contrat de travail à Global Trade Corporation SA et n’a jamais été rémunéré comme employé ou administrateur. M. DZILAN Komlan Dodji ne se trouve pas dans l’organigramme de notre société, n’occupe aucun poste de Direction au sein de notre entreprise et n’a jamais exercé en tant qu’administrateur vu que le processus de transformation n’a jamais aboutie et aucune réunion n’a été tenue.», explicite Awaga.
Jouant la carte de l’honnêteté, il affiche toute sa gêne face à la punition imméritée infligée en toute injustice à Dimas Dzikodo. « Je ne peux pas rester sans réagir face aux tourments que subit un innocent.», martèle-t-il, avant de loyalement s’engager à « rentrer au pays rapidement après avoir fini de réunir les moyens et peaufiner le plan de remboursement qui ne saura tarder ». Ghislain Awaga engage, également, la disponibilité de son entreprise à apporter tous les éléments supplémentaires à toutes fins utiles.
Accusé, détenu, sans preuve
Détenu depuis le 24 septembre 2021, Dimas Dzikodo est accusé de complicité d’escroquerie dans la tonitruante affaire de trading. Aussi bien à l’enquête préliminaire qu’à l’instruction (avec deux auditions au fond), le ministère public, le poursuivant, n’a jamais réussi à verser au dossier la moindre preuve, du moins un début de preuve, qui établit la responsabilité légale de Dimas dont la détention viole allègrement tous les fondamentaux du droit pénal.
Toutes les demandes de liberté provisoire de l’inculpé ont buté sur un avis défavorable. Le juge d’instruction a refusé d’enrôler la dernière demande en date du 06 décembre 2021 motivée par des raisons médicales, en violation de toutes les dispositions, en la matière, du Code de procédure pénale. Un scandale, tout simplement.
Santé inquiétante
Dimas souffrirait, en effet, de douleurs pelviennes liées à une affection prostatique depuis quelques années. Sa détention, qui le prive des soins appropriées, a eu le don d’exacerber les douleurs, conséquence : l’émission plus ou moins abondante de sang par l’anus généralement après les selles. Ce qui justifie l’apparence fragile du colosse Dimas Dzikodo qui a complètement dépéri.
D’après un certificat médical établi le 03 décembre 2021 par le Dr Amadou Abdourachidi, «au vu des résultats de PSA libre, des explorations complémentaires (échographie prostatique, + ou – scanner pelvien, ECBU et biopsie prostatique) s’avèrent nécessaires». Ce qui n’est pas possible en milieu carcéral.
Il est bien établi en droit que la privation de liberté est l’exception, le principe c’est la liberté, ce que confirme l’article 112 du Code de procédure pénale. D’après un haut magistrat profondément affligé par le traitement réservé à Dimas, il est concevable de remettre en liberté un criminel, mais c’est carrément un crime que de déposer sous mandat un innocent, lequel, circonstance aggravante, souffre d’une maladie chronique qui l’agonise presque.
Une libération s’impose
Raisons médicales plus une preuve irréfutable, sinon la reine des preuves de disculpation, les conditions sont-elles enfin réunies pour déterminer le parquet et le juge d’instruction à épouser la logique rationnelle d’une libération provisoire de Dimas Dzikodo ? La question n’aura pas de sens, normalement, dans une procédure soumise à l’autorité des règles de droit. Quoi qu’on dise, ce courrier de Awaga qui vient d’accomplir un acte courageux, marque un tournant majeur dans la bataille judiciaire engagée par Dimas et ses avocats (Me Toussaint Adigbo et Gilles Anani), tant il vaut un pesant juridique qui ne laisse autre choix au juge d’instruction et au parquet que la libération de l’inculpé dont s’agit.
Actions et pressions
Des organisations de la société civile et la famille de Dimas s’activent pour la saisine dans les prochains jours de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) et du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. C’est un nouvel épisode d’un feuilleton judiciaire joué devant les juridictions internationales par l’État et ses administrés dont les droits sont bafoués par la justice nationale. Dans bien de cas ces dernières années, l’Etat s’en sort perdant, et c’est l’image de la justice togolaise qui s’en trouve régulièrement écornée. Et l’argent du contribuable est utilisé dans le cadre des dédommagements, au lieu de servir à des fins de développement et de renforcement de l’Etat de droit pour une meilleure protection juridique de tous les citoyens.
Imbroglio horripilant
En matière pénale, doit-on le rappeler, les faits et les preuves sont sacrés. L’accusation ne peut, onze semaines de détention après, se retrouver dans l’impossibilité d’étayer le chef d’accusation présumé avec des indices graves et concordants . Dans une procédure sérieuse, les faits existent en premier, la nature de l’infraction, le mobile du crime et les degrés de responsabilité du ou des accusés viennent ensuite. Dans le cas Dimas, c’est un imbroglio horripilant, l’accusation court toujours après les faits et les preuves de culpabilité depuis son arrestation le 24 septembre 2021.
Avec afrikdepeche.com