Chers compatriotes togolais, chers frères et sœurs africains,
Le 14 avril 2021, je me questionnais sur le constat ci-après : « les débats de fond, représentent à peine 1% à 5% des échanges sur nos plateformes, en majorité animées par des jeunes ». J’ai recueilli plusieurs interventions aussi bien sur la plateforme du Mouvement Citoyen WINIGA que sur ma page Facebook https://www.facebook.com/kperkouma/.
Je partage avec vous une synthèse des causes évoquées par les intervenants (une quinzaine). Ces causes peuvent être structurées en 3 catégories : les causes structurelles, les causes socio-politiques et les causes individuelles.
- Causes structurelles
- Systèmes éducatifs calqués sur le modèle colonial et peu adaptés aux réalités locales
- Enseignements très théoriques avec des méthodes d’évaluation qui amènent la majorité à bucher pour avoir le diplôme
- Culture du diplôme et de la bureaucratie
- Faible part de l’utilisation productive du numérique dans les programmes de formation
- Culture de favoritisme dans les recrutements et les promotions dans les administrations publiques engendrant la démotivation des jeunes
- Influence de la géopolitique internationale sur les secteurs sociaux en l’occurrence le secteur de l’éducation en Afrique
- Causes socio-politiques
- Environnement socio-politique défavorable à la culture des compétences et de l’excellence
- Peur liée au phénomène de copie et transfert des messages à des staffs politiques, suivi de menaces sur les jeunes
- Découragement et déception de certains jeunes face à l’évolution et la gestion chaotique des mouvements politiques
- Démotivation suite au manque de respect des interlocuteurs sur les plateformes
- Insultes, invectives et la stigmatisation lors des débats de fond
- Manque de courtoisie entre les intervenant avec des tons suffisants, menaçant et ridiculisant l’autre
- Manipulation et exploitation des consciences des jeunes réduits au chômage
- Faible culture de leadership et quasi absence/méconnaissance de repères et de modèles pour la jeunesse
- Faible valorisation des richesses et savoirs endogènes avec un culte avéré de tout ce qui vient de l’extérieur, et une perte de l’identité africaine
- Déception des jeunes par rapport au profil de la plupart des leaders politiques africains
- Faible implication des jeunes dans les politiques de gouvernance
- Causes individuelles
- Paresse intellectuelle des jeunes qui explique les partages tous azimuts et la préférence des blagues et faits divers
- Faible culture générale limitant les capacités à participer aux débats de fond
- Pauvreté matérielle et mentale limitant l’accès à la formation
- Faible aptitude à entreprendre des formations complémentaires pour renforcer ses compétences sur la créativité, l’innovation et l’utilisation rationnelle du numérique
Sans être exhaustive, cette synthèse nous donne un aperçu sur les causes qui freinent la réflexion fertile et productive sur les RS particulièrement sur nos plateformes whatsapp, telegram, facebook, etc. Toutes ces causes pour la plupart convergent sur le modèle d’éducation en vigueur et le profil des produits sortant de nos systèmes éducatifs.
Méditons cette célèbre citation :
Un sage chinois, il y a de cela plusieurs siècles, conseiller de son empereur, confia à ce dernier ceci : « Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre. »
Tout en méditant la citation ci-dessus qui explique en partie notre situation socio-anthropologique actuelle, je nous invite à proposer des approches de solutions plausibles pour entamer et/ou renforcer les actions de motivation de la jeunesse africaine à la culture du savoir, du savoir-faire et du savoir être en exploitant au mieux le potentiel du numérique.