La dot, ce symbole laissé par nos ancêtres se meurt. La dot est un don, un cadeau qui correspond à l’ensemble des biens et valeurs qu’un homme apporterait à sa femme au travers de sa belle-famille. Une valeur culturelle désormais insoutenable pour les autorités gabonaises.
En Afrique, la dot est l’ensemble de biens que le mari doit céder à sa belle-famille pour rentrer dans ses droits matrimoniaux. Ces biens peuvent être de nature différente selon le statut social du prétendant ou du futur époux.
C’est donc le gage de l’alliance conclut entre deux familles qui se mobilisent de part et d’autre, pour donner toute leur bénédiction aux époux, à leur amour, à la paix et à la sécurité, une alliance qui fait tomber les barrières entre lignages et dont la solidarité subsiste longtemps, même après l’échec du mariage ou la mort de l’un des conjoints.
Cependant, au Gabon, cette pratique symbole de cette alliance est désormais interdite et passible de prison. « Sera puni d’un emprisonnement de 03 mois à 01 an et d’une peine d’amende de 36 000 à 360 000 francs CFA ou à l’une de ces deux peines seulement qui conque enfreindra les dispositions de la présente loi soit en exigeant ou en acceptant, soit en remettant des présents en argent ou en nature à titre de dot (…) sont assimilés aux dons en nature les prestations de services.
Au lieu de supprimer la dot, il serait judicieux de procéder à la législation du mariage coutumier.
Pour Sidonie Flore Ouwè, ancien procureur de la République, « La dot doit être autorisée au Gabon parce que c’est le symbole laissé par nos ancêtres »
L’ancien procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Sidonie Flore Ouwè, par ailleurs présidente du « Salon de la Femme », une ONG ouvrant dans la promotion des droits de la femme, considère « ridicule » la loi n° 20/1963 portant interdiction de la dot pendant le mariage coutumier au Gabon.
Mme Ouwè, appelle au passage le parlement bicaméral (Assemblée nationale et Sénat », a voté une bonne fois pour toute la loi proposée en 2020 par le sénateur Erneste Ndassikoula pour mettre fin à cette ambiguïté chronique, contraire aux aspirations de la société.
En effet, l’article 1er de la loi n° 20/1963 dispose que : « est interdit la pratique connue en droit coutumier sur le nom de dot, qui consiste en la remise à l’occasion du mariage par le futur conjoint à la famille de la future épouse de sommes d’argent au d’objets de valeur ».
Une disposition qui n’a jamais été respectée pour autant par les gouvernants y compris par le législateur lui-même. Une véritable aberration, indique-t-on, qui mérite d’être corrigée.
Pour Sidonie Flore Ouwè, contrairement aux critiques absurdes formulées par ses détracteurs sur les réseaux sociaux, ladite loi est toujours appliquée même si elle est désuète. L’article 4 de cette loi dispose que : « nul ne pourra réclamer le titre d’époux et les effets civils du mariage coutumier si et seulement si ce mariage n’a pas été célébré devant l’officier d’état civile ».
Le mariage coutumier au Gabon n’a donc pas d’effets juridiques. L’urgence de voter, promulguer et publier au journal officiel une loi sur le mariage coutumier est évidente, selon la juriste, pour mettre fin à cette grossière ambiguïté qui ne cadre pas avec les réalités relevant des us et coutumes du pays.
La dote en terre africaine
La dot est donc le gage de l’alliance conclu entre 2 familles qui se mobilisent de part et d’autre, pour donner toute leur bénédiction aux époux, à leur amour, à la paix et à la sécurité, une alliance qui fait tomber les barrières entre lignages et dont la solidarité subsiste longtemps après, même après l’échec du mariage ou la mort de l’un des deux époux.
Le contexte contemporain et l’importation de la copie conforme des dispositions venues d’ailleurs ont vidé la dot ou le mariage traditionnel de son sens. La femme recevait certes les biens dotaux mais le mariage était également scellé par cette cérémonie et il n’y avait aucun acte car nous étions dans une société sans écriture. Une certaine connaissance de la culture africaine permet de percevoir toute la sagesse et la valeur juridique de cette institution millénaire encore enracinée en Afrique.
Céline N’danikou