On a déjà qualifié ou traité de folle, une personne qui se laisse aller à un soliloque, c’est-à-dire, qui parle toute seule, qui se fait un discours à elle-même. Nous avons eu à penser que quelqu’un qui n’aime pas avoir de la compagnie est un solitaire, qu’un individu qui vit en retrait de la société ou s’enferme à la maison peut être appelé respectivement « marginal » et « casanier », etc…
Que dire alors d’un être qui s’aime éperdument et qui à cet effet, préfère sa propre compagnie à celle des autres, l’assume au point de le matérialiser et de l’officialiser?
Deux des réponses qui correspondraient bien à ce genre d’amour seront sans doute le « narcissisme » et « l’égoïsme ». Cependant, plus loin que le traditionnel « I love myself », entendez « Je m’aime moi-même », il y a cet amour-propre qui peut prendre des allures importantes et pousser certains à des extrêmes impensables, voire extraordinaires.
Dans le cas d’espèce, la sologamie illustre parfaitement l’amour de soi dont il est question. Bien que le suffixe « gamie », rappelle au prime abord les mots « monogamie », « polygamie » et après la « polyandrie », la « sologamie » elle, tranche totalement d’avec elles toutes, en ce sens que son essence n’encourage, ni ne tolère le « vivre ensemble » en amour.
En effet, cela peut paraître curieux, très inhabituel et étonnant mais la sologamie qui est définie comme étant l’état de celui ou de celle qui est marié(e) à elle-même, est un concept lancé depuis plus de vingt ans au Canada, fait des émules aux États-Unis et au Japon et commencerait à prendre en Europe. Pour une raison ou pour une autre, de plus en plus de gens convergent vers le dit mouvement.
De l’alliance, de la belle cérémonie au bouquet de fleurs en passant par la robe de mariée, le gâteau, le smoking et pompon sur la Garonne, la lune de miel, tout est mis en œuvre par les sologames pour vivre le rêve du mariage ou le mariage de rêve qu’ils ne veulent faire qu’avec eux-mêmes. Se dire oui à eux-mêmes pour vivre en parfait amour avec eux-mêmes. Sauf que les prises de têtes et les disputes entre amoureux qui pimentent et renforcent parfois la relation, manquent à cette aventure solo qui peut vite devenir monotone et ennuyeuse.
Cela n’empêche pourtant pas plusieurs personnes, notamment européennes de s’y lancer. Elles n’ont éprouvé ni gêne, ni honte, ni complexe à se marier à elles-mêmes et à l’afficher publiquement. Parmi elles, le premier homme à pratiquer l’auto-mariage en France en 2017, le youtubeur Jeremstar (image ci dessous) et une citoyenne américaine du nom de Yasmin Eleby (confère image ci-dessous) qui après avoir franchi la barre des 40 balais en étant toujours célibataire a tout simplement choisi de s’épouser.
Pour ces personnes en effet, cette décision qu’elles considèrent idéale, fait leur bohneur. Surtout qu’elles n’ont plus à s’inquiéter des cassures et des brisures des relations amoureuses. Seulement, la sologamie peut-elle réellement et définitivement palier au célibat? Peut-elle arriver à bout des peines de cœur, des déceptions, des ruptures, liées à la vie amoureuse (à deux ou en couple) ? Parce qu’au fond, ces causes en plus de la tradition, de la pression familiale, des normes sociales et du regard des autres sont les principales justifications évoquées par les sologames.
À supposer que la sologamie soigne et panse effectivement les maux du cœur ainsi que les douleurs léguées par des histoires d’amour, qu’advient-il du projet classique de faire des enfants, d’avoir une progéniture, d’agrandir la famille, d’avoir un partenaire de vie et de pérenniser le nom de famille? Parce qu’aucun doute ne subsiste au fait qu’un foyer ou une famille ne se crée pas seul(e).
« Il vaut mieux être seul que mal accompagné » clame t-on bien souvent. Lorsque cette solitude pousse le bouchon à la sologamie, il faudra pour les sologames en question assumer cette décision et ce qu’elle pourrait éventuellement entraîner. Par exemple, une personne qui s’est auto-mariée peut-elle divorcer d’avec elle-même? Interrogation pointue n’est-ce pas?!
Crédit image: Internet.
Anita MARCOS.